Ressort de nombreuses comédies, l'opposition est ici le moteur d'un film énergique qui mêle fantaisie et drame dans un même mouvement. Les pensionnaires d'une résidence pour femmes mentalement perturbées offrent par leur démesure un contraste saisissant avec le monde du dehors, celui dans gens "normaux", quand le personnage principal, grande bourgeoise déchue, bavarde et tonitruante confronte ses délires au douloureux mal être d'une jeune mère en totale perte de repères.
C'est en cherchant à prendre un peu de bon temps dans le monde qui les entoure que les deux femmes vont apprendre à se connaître et, se dévoilant peu à peu, mesurer ce qui les sépare de la normalité qui régit les rapports humains.
Puisant ce qui lui faut de folie dans la tradition d'une comédie italienne alliant l'absurde à la tragédie, Folles de joie marie les genres avec plus ou moins de bonheur mais garde toujours le cap sans se perdre. Valeria Bruni Tedeschi excelle en insupportable bourgeoise frappadingue (tout le monde connaît sa famille, le rôle est donc fait pour elle) quand Micaela Ramazotti assume le côté sombre de leurs pathologies communes.
Vif ou souvent drôle, brisant les barrières entre folie et normalité, le film de Paolo Virzi, bien qu'un peu bancal et relativement superficiel, parvient à divertir et toucher sans grosses ficelles et sans racolage. C'est un bon divertissement.