Le premier film que j'ai vu au festival de Cannes est « La Pazza Gioia » de Paolo Virzi. Ce film met en scène une maison de repos pour femmes ayant des problèmes mentaux. Dès le premier plan, on rencontre Béatrice, une femme de la quarantaine, perdue dans ses rêves de grandeur. Euphorique en permanence et légèrement hystérique, elle va vivre comme un choc la rencontre avec Donatella, une dépressive chronique. Elles vont se soutenir toutes deux, et s’enfuir de leur asile, pour affronter la vie réelle, tout aussi folle que ce que leurs diagnostiquent les médecins.
Le film se la joue road movie, en emmenant ce duo hors du commun à toute blinde à travers la Toscane. En s’enfuyant de l’asile, elles cherchent uniquement un peu de bonheur. Elles affrontent leurs anciens démons, des personnages lâches, égoïstes, cupides…
Béatrice peut-être extrêmement antipathique, comme extrêmement attachante. Elle ne pense qu’à elle, se croit supérieur et maintiens que personne ne peut rien contre-elle ; elle a un bon avocat. Mais en partant avec Donatella, elle est forcé de se rendre compte que tout son petit monde ne lui ai pas tellement fidèle. Elle prend conscience que des choses qui peuvent lui paraître simple, comme revoir sa mère, peut vite devenir une épreuve insurmontable pour Donatella. Pour le spectateur c’est un appel à la tolérance, à ne plus se centrer sur soi-même.
La preuve est bien là avec l’histoire de Donatella, elle est accusée de tentative de meurtre sur son fils de 8 mois, et jugée inapte à l’élever. Mais en voulant bien écouter ce qu’elle a à dire, on se rend compte que cette femme n’est absolument pas une meurtrière. Détruite par la vie et par un trop fort amour, elle ne peut se résoudre à continuer d’avancer comme ça. Ces dernières paroles à son fils avant d’enjamber le pont sont « J’ai trop mal », sonne comme une excuse de ce qu’elle s’apprête à faire, mais doivent être interprétés comme une justification, qui parait tellement compréhensibles une fois sa version enfin exprimée.
Cette vision sombre de sa vie se ressent également à l’écran dans tout ce qui touche au visuel ; dès que le film touche à des parties de l’histoire Donatella tout devient plus sombre, comme la perception qu’elle a d’elle-même. Mais quand on la retrouve sur la plage avec son fils, les plans sont lumineux et plus « joyeux ». Elle a enfin réussi à retrouver un semblant de paix intérieure. Pour Béatrice, c’est la même chose, les plans où elle apparaît sont pleins de lumières et d’extravagance tout comme sont personnages. Le film commence sur un plan la mettant en scène sous un soleil de plomb et donnant une jolie couleur dorée à sa peau.
Ce film est en quelque sorte, une ode à la vie. Il faut profiter du bonheur là ou on peut le trouver (qu’on soit folles ou non !).