Deux femmes internées dans un centre psychiatrique apprennent à se connaître avant de se faire la malle. S'en suit une folle épopée qui révèle leurs fêlures et leurs fragilités, entre euphorie sous valium et déprime en descente.
Avec cette Pazza Gioia, le cinéma italien retrouve son souffle d'antan. Soit deux personnages forts qui se jouent des choses de la vie dans une folie communicative. Entrainé avec elle, le spectateur fait des montagnes russes, entre délicieux moments de comédie italienne et émotion délicatement amenée par un scénario parfaitement maîtrisé.
Le film, présenté comme un Thelma et Louise italien, ressemble à celui de Ridley Scott en ceci qu'il est une fable féministe, dans laquelle les hommes sont sans qualité. Il offre à ses deux interprètes principales des rôles en or, comme on en trouve peu dans une carrière.
Valeria Bruni Tedeschi, radieuse sous le soleil de Lombardie, joue la blonde exubérante, joyeuse et finalement si malheureuse. Face à elle, Micaela Ramazzotti, intrigante brune au regard sombre, manie violence et tendresse d'une jeune mère en souffrance.
En toile de fond, Paolo Virzi montre la violence de la société italienne, ces inégalités qui peuvent détruire une vie. Sans jamais appuyer son propos, il ne lâche pas des yeux ses deux merveilleuses actrices, de tous les plans. Il s'autorise une mise en abime géniale, lors d'une incroyable scène sur le tournage d'un film. Il y invite même Marisa Borini, la mère de Valeria et Carla Bruni, comme si La Pazza Gioia était un négatif d'un Château en Italie, le film de Valeria Bruni Tedeschi. On pense alors à du Dino Risi, à du Luigi Comencini tant la maîtrise est grande.
La force de la comédie italienne a toujours été son intelligence mêlée au génie de ses acteurs. Paolo Virzi lui rend ici un vibrant et lumineux hommage. Une réussite qui donne envie de se pencher sur les précédents films du réalisateur, dont la muse est justement la sublime Micaela Ramazzotti.