Frances est une fille, hétéro, très attachée à sa meilleure amie. Elles ont vécu en colloc, et Frances a vécu son départ de la colloc comme une rupture. Lorsqu’elle la recueille pour une soirée, elles dorment à deux dans son petit lit une place. Elle lui fait une scène de jalousie lorsqu’elle se met en couple, lui court après, lui jette des regards amoureux...
C’est une histoire d’amour asexuée. Le sexe d’ailleurs, Frances ne s’y intéresse pas vraiment. Elle est attirante, plusieurs hommes tentent de l’approcher, mais elle n’en a pas envie, elle se plait a se définir comme incasable. Ce qui lui importe c’est sa complicité avec sa meilleure amie, être celle à qui celle-ci racontera ses journées.
Frances rêve de devenir danseuse, mais elle n’est pas assez douée. Pas facile de l’admettre. Si elle saisit l’opportunité qui se présente de travailler pour le secrétariat d’un club de danse, alors elle tire un trait sur son rêve de petite fille.
Lorsqu’elle part à Paris sur un coup de tête, c’est un fiasco, faute d’organisation.
Son univers est le New York tendance. Dans les soirées on est en représentation, on enjolive sa situation sociale, on fait du réseautage. Mais Frances ne rentre pas vraiment dans les clous, elle admet qu’elle n’a pas de situation stable, sans vraiment se soucier de l’opinion des autres. Elle dit parfois ce qu’il ne faut pas dire, elle peut improver des mouvements de danse, sans avoir peur du ridicule. Elle aime surprendre.
La vie de France Ha va à contre-courrant (comme l’un des danseur de sa chorégraphie en fin de film). Ce n’est pas qu’elle refuse d’être dans la norme, mais ses envies, ses aspirations sont de faire quelque chose qui lui plait, et ce n’est pas le mariage et les enfants.
Frances avance dans la vie à sa façon, avec ses contradictions, mais elle est authentique, sincère, et surtout elle croque la vie, comme on le sent dans cette scène où elle danse en courant dans la rue sur la chanson de Bowie Modern Love (référence à Mauvais Sang, de Leo Carax).
Modern, ce film l’est incontestablement. La femme du 21e siècle est libre, libre d’errer à sa façon, de faire ses choix seule, sans sa famille ou un homme pour lui dicter sa conduite.
A l’image de Manhattan de Woody Allen et son époque (1979), ce film est un film citadin contemporain, frais, à voir.
critique publiée sur https://critique-ouverte.blogspot.com/2018/08/frances-ha-la-villette.html