En l'espace de quelques minutes et à rebours de tout ce qui a été montré, le film s'achève avec le retour de Frances à New York et le début d'une nouvelle vie pleine de promesses heureuses. Pourtant, il y a clairement un souci. Et pour cause, Frances Ha est une psychopathe.
Je m'explique.
Frances Ha ne partage pas la même dimension que ses proches et cela transparaît dès les premières scènes. Elle s'imagine vivre et vieillir avec sa meilleure amie, se berce d'illusions, ment pour laisser penser qu'elle est heureuse et se ment parce qu'elle est incapable d'affronter la réalité. Dans la sienne, sa réalité, rien n'a d'importance et les larmes, les siennes, n'ont donc pas lieu d'être.
Pourtant, au fur et à mesure du film, Frances Ha perd tout et tout le monde. Cela, elle ne le sait pas ou plutôt refuse de le savoir, nie toute vérité étrangère pour ne garder que son interprétation.
Alors, me direz-vous, elle est, au mieux, peut-être un peu immature.
Le souci, c'est qu'elle a 27 ans et qu'elle se comporte comme l'on se comporte jusqu'à l'adolescence, lorsque l'on se persuade que les amis, c'est pour la vie et qu'il n'y a pas d'échec mais seulement des tentatives. Bla-bla-bla.
J'ai pris énormément de plaisir à regarder ce film.
Mais j'ai pensé que la construction psychologique du personnage principal était si habile et subtile qu'elle relevait presque du génie créatif d'un réalisateur qui serait aussi fou que son sujet ; décrire la déchéance d'une psychopathe sans jamais dire qu'elle est psychopathe.
Je vous laisse donc imaginer ma surprise quand j'ai découvert qu'il n'en était rien : la confrontation avec la tristesse réelle et légitime de sa meilleure amie et l'apparition manifeste d'une opposition entre la réalité et une réalité à la fin du film n'ont pas abouti à la destruction psychologique et physique de Frances Ha. Alors que j'imaginais déjà cette dernière être à l'origine d'une tuerie de masse dans l'université où elle travaille, celle-ci décide simplement de se donner une seconde chance et de retourner vivre à New York, comme Donald Trump part jouer au golf le jour où l'on officialise sa défaite.
De mon côté, c'est donc avec impatience que j'attends la suite, Frances Ha 2 : elle réalise enfin que sa vie est un échec.