Fassbender avec une tête en papier mâché pendant 1h35? Pure folie ! Bientôt Brad Pitt en éboueur et Tom Cruise avec un oeil de verre? Après m'être remise de mes émotions et accepté de ne voir qu'à peine le visage de Michael, je me plonge in extremis dans l'univers absolument loufoque qu'est Frank, pas loin de la planète Gondry et de la voie lactée des cartoons.
Ca commence avec un petit gars de la banlieue de Dublin, Jon, qui se rêve song writer - en vain - et qui sera témoin de la noyade du joueur de clavier d'un groupe, dont il deviendra le remplaçant. Il rencontre ensuite Frank, leader du groupe à la tête de pantin, avec lequel toute la troupe part en retraite pour "expérimenter" afin de composer leur nouvel album - narmol.
La folie est partout - la bonne, comme la mauvaise. Le groupe entier respire la démence et la folie douce avec leurs chansons sans queue ni tête et offre des scènes cocasses et excentriques au bon humour bien décalé (qu'il faut aimer, certes).
Cependant, la vraie force de ce film c'est qu'il ne s'applique surtout pas à vendre son personnage grotesque et son statut d'icône artistique (pari raté avec cette affiche rose dégueulasse d'ailleurs). Au contraire, il dénonce une certaine chosification, les différents membres du groupe réduisant Frank à son image première et non à ce qui se cache réellement sous cette grosse tête - la maladie, vraie personnage de ce film.
Cette tragi-comédie devient rapidement douce-amère, une sorte de drame humain où chacun s'évertue à exprimer sa propre existence (qui a vraiment la grosse tête de Jon ou de Frank?) et révèle une vraie maladie, une accoutumance que tous ont du mal à admettre. Sorte d'ovni du cinéma, Frank n'hésite pas à passer de la drôlerie improbable à une dimension sombre, en alternant moments d'introversion et d'euphorie, à travers un scénario bipolaire, à l'image de ses personnages.
Fassbender, toujours aussi stupéfiant, surprenant mais surtout cette fois drôle, maîtrise la grosse tête comme personne en arrivant même à traduire toutes les émotions, bien que les expressions de son visage soient figées.
Tout comme son personnage, ce film vaut beaucoup mieux que son masque.