Well, why isn't it "Froaderick Fronkensteen" ?
Lorsqu'on parle de Frankenstein Junior, on crie au chef-d'œuvre, à la comédie ultime, à tout l'art de Mel Brooks concentré en moins de deux heures pour une orgie de gags en tous genres, plus hilarants les uns que les autres. Mel Brooks sait faire rire, c'est certain mais dans le cas présent, tout devient poussif à tel point qu'on n'arrive plus qu'à esquisser un sourire devant certaines des situations cocasses et bien amenées. Le reste n'est que fioritures, l'humour gras bat son plein, on s'attend à voir des "dramatic marmot" un peu partout et on a même parfois mal à la tête tant Frankenstein gueule à tort et à travers.
Le film n'est pourtant pas un de ces nanars comme nos amis producteurs français savent nous offrir. Il y a de l'intelligence derrière cette couche de couenne. Car le tour de force qui est réussi ici c'est de pouvoir transgresser les interdits, faire de l'horreur du burlesque, du drôle, rendre les hommes plus bêtes qu'ils ne le sont. Une caricature du savant fou tout à fait réussie mais finalement un peu lassante. On rit de bon cœur au départ quand on voit le docteur s'émerveiller de la créature de son ancêtre, on l'entend hurler sa joie une fois, puis deux, trois... à n'en plus finir. Les cris ont un effet rédhibitoire sur l'oreille du pauvre spectateur qui ne demandait pas ça. C'est l'un des gros défauts du film.
D'autant plus qu'on a du mal à croire à certaines situations qui arrivent un peu trop comme un cheveu sur la soupe et les personnages ne sont pas forcément crédibles. Aïgor est très bon, il sauve d'ailleurs le reste de la troupe, assez médiocre tant on a l'impression qu'elle débarque dans une comédie qui ne lui sied guère. Aïgor, c'est la trace d'un humour décalé, subversif, qui n'a peur de rien et qui ne se gêne pas pour le dire. Aïgor donne la moyenne au film et on regrette presque qu'il ne soit pas le personnage principal. Ce bossu transformiste a toujours la réplique qui tue, à la manière d'un Monty Python, trouve toujours le jeu de mots adéquat, use des situations à la perfection pour se mettre en valeur là où les autres personnages pataugent entre du ridicule et du un peu mieux.
Frankenstein ne laissera pas un souvenir marquant au spectateur qui pourra trouver bien plus drôle et bien plus intelligent avec The Rocky Horror Picture Show, à la même époque et dans un genre assez proche. Outre une musique inoubliable, le film se perd dans ses gags enchaînés comme des Big Mac dans un fast-food. On se sent presque forcé de rire, rien n'est vraiment naturel, même si certaines pointes sont véritablement jouissives : on pense notamment à la scène d'amour entre la bête et la femme du docteur, l'arroseur arrosé pour ce qui restera l'un des moments les plus drôles du film.
Un moment agréable toutefois pour ses qualités et notamment donc pour le personnage d'Aïgor ainsi que quelques situations. On ne boude pas non plus son plaisir mais on doit rectifier le tir : le chef-d'œuvre escompté n'est tout compte fait qu'un divertissement agréable, au mieux. Voilà qui ne donne pas envie de revoir les folles histoires de Mel Brooks, dont le souvenir est plutôt bon, on pourrait faire face à une déception.
PS : Aïgor est Igor et vice-versa. Ou bien est-ce Igor qui est Aïgor ? A lui de choisir.