Dans la forme d'un petit film de rien du tout au casting hétéroclite, international, faits de comédiens qu'on n'aurait jamais envisagé voir jouer ensemble un jour, Frankie cache un drame léger, d'une grande subtilité.
Dans un Portugal filmé comme une sombre forêt japonaise, on assiste à une succession de saynètes centrées sur des personnages ayant tous un lien familial plus ou moins proche avec la Frankie en question dont les jours sont comptés (Huppert, fidèle à elle-même, peut-être pas dans son plus grand rôle, malgré une scène de repas d'anniversaire avec des locaux déchirante).
La forme peut déplaire, tant ces saynètes sont indépendantes de la trame générale. Certaines intéressent d'ailleurs plus que d'autres ; on préférera par exemple la douceur du couple Huppert-Gleeson ( ce dernier d'une étonnante fragilité dans un rôle où on ne l'attendait pas), à la séparation programmée de celui composé de Robinson et Bakare, peut-être un peu trop "hors-sujet".
Balades, discussions, visites... C'est sur cette toile molle de vacances familiales et cet égal traitement de chacun des personnages que Ira Sachs dresse le portrait d'une famille disloquée, incapable de se concentrer quelques jours sur celle qui est leur mère, leur belle-mère, leur épouse ou ex-épouse, leur amie, tous trop occupés par autre chose pour comprendre l'essentiel.
C'est dans une sublime séquence finale que Frankie parvient à réunir, pour la première fois à l'écran, tous ses convives au même endroit et au même moment, pour une sublime et cruelle, où la matriarche s'impose, impériale, comme le gond d'une famille qui ne tient que par elle.
Le tout au soleil couchant qui brille plus fort qu'une aube.