Fresh n'est pas une belle entrecôte de choix, mais plutôt un nugget de chez McDo : un assemblage qui se casse un peu la figure à la découpe, et n'est pas bien savoureux quand on y goûte. On a bien failli abandonner à l'exposition interminable qui se termine par un générique de début...à 33 minutes (sérieusement ?!), et ensuite l'intrigue démarre peu à peu (pas trop tôt). On sent vraiment trop la pâte du trublion Adam McKay (producteur du film) derrière ce film d'horreur, gangréné par ses plans d'archives successifs (sa signature, qui fonctionnait pour Vice, mais devenue depuis une balourdise visuelle) avec un grognement bestial (pour la finesse, on repassera) qui gâchent les principales scènes dramatiques (
Noa qui se force à goûter "à Hope", la baston à la fin...
), son éternel "les riches sont tous des gros vilains" épisode #47 (qu'il change de disque, par pitié), et son discours qui se perd lui-même : on nous parle de cannibalisme amoureux (et dire que Disney vient de virer Armie Hammer pour cette même raison... Ça va, l'hypocrisie ? Ça ne les étouffe pas trop ?), puis de cannibalisme commercial et dénonçant les riches (ce qui n'a plus rien à voir avec la première forme), puis on revient à l'amoureux... On perd alors complètement la tension, l'approfondissement des personnages, la surprise d'un final qu'on n'aurait pas tous deviné dès la première minute. Dommage que le scénario cahote autant et survole ses sujets, car on repense alors à la série animée Beastars qui, elle, arrive à se tenir droite avec les mêmes sujets de consommation amoureuse et de marché noir de viande d'animaux anthropomorphisés (étrangement plus humains et profonds que les marionnettes qu'on a ici en personnages). D'ailleurs, avec son étalage puéril de chair, son scénario inabouti et ses sujets survolés, Fresh (interdit aux moins de 16 ans sur la plateforme Disney) passe pour une gaminerie à côté de Beastars qui est pourtant une animation visant les ados, comme quoi. Il y en a eu quelques-uns, des idées de films sur la consommation de ses compatriotes (Sweeney Todd, Delicatessen, Soleil Vert, évidemment Beastars et le récent Barbaque...), et Fresh n'arrive pas à nous surprendre. On aurait dû mettre Armie Hammer au scénar.