Ce film s’inspire d’un incroyable fait divers qui s’est déroulé en France il y a une dizaine d’années. L’adaptation commence plutôt bien à l’écran avec un préambule pluvieux instaurant un climat étrange et inquiétant. On y voit un couple parti en vacances en camping-car qui retrouve sa maison occupée par leur baby-sitter et son mari à leur retour de vacances. A la base, un prêt pétri de bonnes intentions se retourne contre eux par la faute d’un document à l’interprétation arbitraire corroboré par la loi, les nouveaux occupants ne voulant pas quitter les lieux. Et ce qui ne devait être qu’une question de temps pour qu’ils récupèrent leur maison devient un chemin de croix en forme d’imbroglio administratif. Ce postulat tangible mais kafkaïen laissait augurer d’un thriller social sous haute tension sous forme d’une confrontation entre les deux couples. La première demi-heure est plutôt prenante en restant dans les méandres administratifs de cette situation incongrue et déplaisante. Notre curiosité est titillée et on rage du malheur de cette famille injustement privée de son foyer. Pourtant l’image peu soignée n’est pas du meilleur effet et donne l’impression d’un téléfilm daté en dépit de quelques bons effets de style et d’une musique adéquate. Mais plus le film avance, plus il s’éloigne de son sujet pour aller creuser les problèmes de couple des personnages principaux puis faire intervenir le gardien du camping où ils logent. Là, le film commence à s’éloigner de la réalité et prend un chemin de traverse qui mène à un troisième acte poussif et ridicule où tous les défauts de cette petite série B fauchée sont exacerbés.
En effet, le script de « Furie » choisit la mauvaise direction et part dans une espèce de « home invasion » à la « American Nightmare » premier du nom. Alors qu’il aurait pu (et dû) se focaliser sur les errances judiciaires des protagonistes et ainsi montrer les défaillances des lois françaises ou aller sonder plus en avant les raisons qui poussent le second couple à faire cela sous forme de drame psychologique ou encore de partir sur un espèce d’affrontement moral et/ou physique entre les deux parties. Rien de tout cela ici. Le cheminement psychologique du mari est grossier et improbable et l’interprétation de Adama Niane laisse à désirer. Il y a des séquences complètement ratées voire inutiles comme celle de la boîte de nuit qui s’approchent d’une série Z et la musique se pare ensuite de drôles d’effets qui rendent le tout encore plus ridicule. « Furie » choisit d’aller vers le film de série B, oublie complètement son postulat de départ et se vautre dans les grandes largeurs tant la dernière demi-heure est foireuse et souffre de la comparaison avec ses cousins américains de « Funny Games » à « Panic Room ». On ose à peine imaginer ce qu’un Michael Haneke pour le film d’horreur social ou un Claude Chabrol pour le thriller psychologique aurait fait d’un tel matériel et d’un sujet en or comme celui-ci. Ici, malgré un démarrage correct, la seule furie qui reste c’est la nôtre face à ce ratage.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.