Véritable chef d'oeuvre du cinéma asiatique réalisé par Nagisa Oshima, Furyo se distingue tout d'abord par son casting plus qu'alléchant, entre un David Bowie qui crève l'écran dans le rôle de Jack Celliers, définitivement taillé pour lui, un Tom Conti particulièrement touchant et humain, un Takeshi Kitano qu'on a véritablement plaisir à voir endosser un autre costume que celui de l'habituel Yakuza / flic pince sans-rire, ainsi qu'un Ryuichi Sakamoto magistral sur absolument tous les plans.
La mise en scène d'une grande sobriété, bien souvent d'une inextricable beauté apporte son lot de réflexions à travers une intrigue somme toute assez basique, sur le choc culturel entre occidentaux et japonais, particulièrement par rapport à l'attitude prônée face au combat et le rapport à la mort,
ainsi que sur l'homosexualité ( sans jamais la citer explicitement ), tout cela sans tomber dans la facilité de jugements manichéens portés envers l'un des deux camps.
De la confrontation de ces destins, en apparence si diamétralement opposés, ne peut résulter qu'un dénouement déchirant pour le spectateur, le tout sublimé par une B.O. légendaire, ( probablement l'une des plus magnifiques qu'il m'ait été donné d'entendre ) que l'on doit au génie de Sakamoto, qui aura décidément fait de Furyo son chef d'oeuvre tout autant que celui d'Oshima.
En définitif, Nagisa Oshima réussit ici à s'affranchir d'une vision simpliste entre bon et mauvais camp, sur fond de sujet et de contexte épineux et dont les représentations qui nous sont livrées sont bien souvent fortement biaisées, pour nous proposer une oeuvre réellement bouleversante qui se concentre sur des aspects finalement assez inédits de la guerre, nous rappelant, que l'amitié , l'amour et l'humanité peuvent malgré tout subsister même en les temps les plus sombres de notre histoire.