Furyo est le terme attribué aux prisonniers de guerre par les Japonais. Se déroulant pendant la Seconde Guerre mondiale à Java, le film relate la vie d'un camp de prisonniers composé de troupes alliées. Quelques grandes figures vont régir le déroulement, tels que le lieutenant colonel John Lawrence qui parle japonais, et du côté des gardiens le sergent Hara d'allure intimidante et le jeune commandant du camp, Yonoi. Un nouveau prisonnier arrive, le major Jack Celliers. Bien qu’il soit affaibli il trouvera pourtant le courage de s'opposer à la direction du camp.
Il est joué par un David Bowie dans ses meilleures années, dont la détermination irradie tout le film. Il en éclipse le lieutenant colonel John Lawrence, dont le titre original « Merry Christmas, Mr. Lawrence » met en valeur son importance. John Lawrence est un trait d'union entre les deux cultures, avec ce que cela peut lui entraîner de complications. Il est incarné par Tom Conti, qui, tout comme, Ryūichi Sakamoto et Takeshi Kitano dans les autres rôles importants démontrent un casting d'une solidité remarquable, bien que surprenant pour l'époque.
Et s'il est aussi important de parler de ces acteurs formidables, c'est que Furyo n'est pas un film de guerre au sens traditionnel. Ce qui s'y joue n'est qu'une des conséquences de la guerre, sur le sort des prisonniers, loin des envolées de feux et de sang. Les affrontements sont individuels, et pas seulement d'un camp à l'autre. Le film mise beaucoup sur la psychologie de ses personnages. Il évoque la difficile situation des prisonniers de guerre, entre la difficile résignation et la nécessaire soumission, mais aussi celle des emprisonneurs, entre l'autorité parfois aveugle mais aussi la fascination pour cette autre culture.
Le film parle aussi d'homosexualité masculine, des sentiments troubles et non avouables, qui peuvent se créer dans les camps. Et que l’honneur impose de combattre, comme peut le faire Yonoi.
Drame en uniformes mais aussi choc des cultures, Furyo rayonne par les pensées troubles de ses personnages. Nagisa Oshima adapte les témoignages du soldat et écrivain Laurens van der Post pendant cette guerre dans un bel écrin de nuances, avec une réalisation humble et humaine. La bande-son envoutante de Ryuchi Sakamoto est à l’image du film, d’une grande sensibilité, loin de l’ostentation virile habituelle du genre.