Drôle de film. Une sorte de conte politique (le mot "conte" excuse - en partie et en partie seulement - l'extravagance du scénario) qui, derrière son vernis humaniste et Keynésien, entretient une vision politique nettement plus douteuse. Le Président Hammond (Walter Huston) a beau rappeler Roosevelt (qui s'apprête à accéder à la Maison Blanche), il n'empêche son programme économique passe par une vision dictatoriale du pouvoir, loin de tout idéal démocratique. Nous sommes ici dans le populisme le plus brutal où la supposée intelligentsia politique (le vice-président, les secrétaires d'Etat ou le congrès) n'a pas son mot à dire face à un président autocrate : "si la dictature est le seul moyen de revenir à la démocratie de Jefferson, je l'appliquerai" dit-il, comme une version modernisée de la fin justifie les moyens. Dans un scénario caricatural, le fait que l'on envoie les chars pour tirer sur une bande de malfrats (qui seront ensuite fusillés - sic) ne laisse rien présager de bon dans un film qui justifie tout cela dans une bienveillance malsaine. Le film, faussement progressiste, ne remet pas en cause la suprématie de la religion dans le politique américaine (et pour cause, c'est bien l'Ange Gabriel qui a pris possession du président Hammond) ni l'Impérialisme américain qui impose aux pays européens de rembourser leur dette (sous couvert de pacifisme). Tout ceci est finalement nauséabond, même si l'on peut être soufflé par un aspect visionnaire du film : imaginer que la guerre moderne utilisera en premier lieu la force de frappe de l'aviation pour détruire au coeur le camp adversaire. Nous sommes en 1932 - quatre avant la Guerre d'Espagne et les premiers raids de la légion condor.