Avec GAGARINE, le duo Liatard-Trouilh propose un cinéma qui s'assume tant dans ses élans romanesques que dans son réalisme. Un mélange des genres et des styles rafraîchissant.
D'un côté, ce premier film est parsemé d'images d'archives, se voit constitué également d'une partie des habitants de la cité Gagarine à Ivry-sur-Seine et fait le constat d'une triste politique des banlieues. Là, se pose un regard réaliste. De l'autre, le long-métrage suit le parcours de Youri, un jeune homme rêveur, déterminé à sauver sa cité de sa destruction imminente. Là, se pose un regard romanesque. Dans ce flot de thématiques que peut soulever ce sujet, les réalisateurs français ont l'intelligence de s'agripper au point de vue de son personnage au point d'en retranscrire ses rêves. Youri, livré à lui-même, tente de sauver ce qui représente sa vie et sa famille. Face à la destruction de son habitat, il souhaite en faire une navette spatiale et s'envoler avec elle vers de nouveaux espaces. Ne pas vouloir quitter son enfance et la rêverie qui va avec, lâcher-prise sans pour autant céder, Youri s'engage dans une quête personnelle, noble, mais au poids parfois insupportable. Les références thématiques et visuelles sont présentes - on pense beaucoup à Spielberg - sans pour autant étouffer sa singularité. Récit d'une beauté émouvante, GAGARINE embrasse son lyrisme sans s'encombrer d'une explicitation verbale. Il laisse libre le spectateur de ressentir les effets d'une mise en scène sophistiquée, mais jamais ostentatoire car permettant à la narration maîtrisée de respirer.
GAGARINE est une proposition forte et originale quant à la représentation de ces lieux livrés à l'abandon, autrefois berceau des rêves de milliers de personnes.