Ce biopic sur Gainsbourg, réalisé par Joann Sfar, retrace la vie de l’artiste avec une touche de fantaisie. L’histoire est abordée comme un conte fantasmagorique.
Le film était parmi mes préférés à l’époque de sa sortie, et je l’avais noté 9 étoiles sur 10 sur SensCritique, avec un coup de cœur foudroyant. Mais aujourd’hui, alors que je le revois et que j’ai acquis une plus grande culture cinématographique, je suis obligé d’admettre que j’ai surestimé l’œuvre, sans aucun doute en raison d’une certaine complaisance en tant que grand admirateur du chanteur, du poète et du philosophe Gainsbourg. En règle générale, j’aime tout ce qui touche de près ou de loin à cet incroyable auteur, et j’ai occulté les défauts du film. À savoir, un problème de rythme, une complaisance excessive à l’égard de Gainsbourg, dont la vie comporte aussi quelques zones d’ombres survolées dans le biopic, un manque de nuance concernant les époques abordées, et surtout un éventail de sa vie qui ne s’étire pas de bout en bout. Le film est un peu frustrant de ce point de vue, et il aurait dû être davantage axé sur l’émotion.
L’interprétation d’Eric Elmosnino est magistrale, mais le trompe-l'œil ne fonctionne pas toujours, notamment dans les scènes impliquant Gainsbarre (l’acteur est trop maigre et le personnage ne semble pas vraiment changer morphologiquement au fil du temps). Globalement, j’apprécie le casting, même si je n’ai pas du tout compris le choix de l’actrice jouant Jane Birkin. Je la trouve fade et pas du tout ressemblante.
Maintenant que je connais mieux la vie de l’artiste, je regrette que certains pans de sa vie et de sa carrière ne soient pas abordés avec plus de précision, comme l’âge d’or de sa collaboration avec Birkin, et la création de ses albums conceptuels légendaires (L’histoire de Mélodie Nelson). Cette trop grande obsession dirigée sur ses origines juives au détriment d’un discours axé sur le talent et la créativité de l’artiste m’embête, tout comme la présence de la créature caricaturale intime qui le poursuit. Les aspects oniriques du film sont sympas, mais j’aurais préféré quelque chose de plus terre à terre. Enfin, j’aurais aimé une plus grande présence et une plus grande variété de sa musique.
Pour autant, le film brille tout de même par certaines qualités remarquables. Une identité visuelle percutante, un récit découpé en divers tableaux dont les ambiances sont variées, mettant en scène des personnages que nous connaissons mais dont les traits de caractère sont exacerbés (France Gall m’a fait mourir de rire, on dirait une folle). J’ai adoré la séquence avec Bardot, ou plutôt Casta, qui est divine.
J’aime ce film, mais il n’est pas à la hauteur de mes souvenirs (et encore moins de l'artiste). Le résultat est tout de même hautement honorable.