Ce conte, écrit par Joann Sfar, nous retrace les moments importants de la vie de Lucien Ginsburg, jeune juif sans histoire amené à devenir le grand Serge Gainsbourg.
Issue d'une famille modeste, il fut très tôt initié à la musique, et plus particulièrement au piano, grâce à un père qui gagnait sa vie à jouer du piano-bar. Parfois obligé, il rejeta cet instrument et la musique en général pour se consacrer à son premier amour : la peinture. Alors élève à Montmartre, il se découvre une attirance pour des modèles, des femmes plus âgée sur qui son charme opère instantanément. On découvre alors un jeune homme éloquent et spirituel, touchant et sûr de lui.
Mais voilà qu'il est rattrapé par sa "gueule", personnage allégorique et réceptacle de toutes ses angoisses d'alors : identité trouble, personnalité qui ne rentre pas dans le moule, physique ingrat, ... Alors il s'invente un personnage : celui de Mr Flibus, homme cynique et élégant, tirant plus du démon de Socrate que d'une muse, il est le résultat du dépassement de soi, de l'explosion de sa "gueule". Plus qu'un simple personnage de bd, plus tard il viendra le tourmenter et l'orienter vers des choix musicaux et sentimentaux tout à fait contradictoire mais fertile. Il commence à se faire un nom, sa carrière prend une direction inattendue tandis qu'il continue sa collaboration avec lui-même, il se fera désormais appelé Serge Gainsbourg.
Des plus hautes personnalités aux moins connues, les femmes défilent, et les musiques aussi. Le succès se fait rapidement et la décadence commence ainsi. Gainsbourg devient Gainsbarre, personnage cynique et abus de sa personne, froid et provocateur, il a une tête à faire peur : il est l'homme choux. Gainsbarre se retrouve seul avec lui-même : sa "gueule" et Mr flibus l'ont abandonné à lui-même, il sera désormais ces deux là à la fois. Autodestructeur, il continue tout de même à écrire et mène une vie sentimentale débridée, jusqu'à sa mort il aura était un "insoumis", un connard sans vergogne et un Artiste hors du commun.
Sans s'engouffrer dans les méandre d'une vie danstesque, ce film nous invite à comprendre ce qui a poussé Lucien Ginsburg à devenir Serge Gainsbourg et comment celui-là s'est métamorphosé en Gainsbarre. Il nous ouvre les portes de sa psyché à travers un univers fantasmagorique et allégorique où l'on découvre les tourments d'un poète maudit. Plus encore, ce film nous interroge sur notre dualité intérieur, sur l'artiste et l'autiste qui sont en chacun de nous car oui, nous sommes tous des Gainsbourg en puissance.
Le film mérite 7 mais je lui donne 8 pour la bo qui est juste exceptionnelle et pour le jeu d'Eric Elmosnino qui a su me bluffer.