La reconstitution du New-York barbare du 19ème siècle est certes très impressionnante, 'Gangs of New York' se perd dans un récit trop ambitieux.
Entre les guerres de gangs, la vengeance d'Amsterdam, une romance tumultueuse, des intrigues politiques et les révoltes de la Draft Week, Martin Scorsese a voulu créer une fresque épique et historique d'une période charnière de l'histoire des Etats-Unis. Malheureusement, le réalisateur n'a pas réussi à retrouver le rythme trépidant de 'Casino' ou 'Goodfellas' nécessaire pour condenser toutes ces trames narratives, même en presque 3 heures.
Il en résulte un certain ennui, mais aussi de grosses déceptions puisque chaque arc narratif laisse un goût d'inachevé. La vengeance d'Amsterdam n'est nullement préparée et sa tentative tombe à l'eau, le personnage interprété par Cameron Diaz est survolé, la guerre des gangs se solde par une intervention fortuite de l'armée et le final est clairement confus.
Il n'empêche que la mise en scène de Martin Scorsese est toujours de qualité, avec des travelings étourdissants (les irlandais fraîchement débarqués qui s'enrôle dans l'armée alors qu'on décharge les cercueils du bateau sur lequel il vont embarquer) et des décors grouillants de vie. Les 10 premières minutes du film sont tout à fait remarquables : présentation de tous les personnages et de tous les lieux majeurs, caméra glissant au rythme du morceau martial "Shimmy She Wobble" de Otha Turner, tension grandissante jusqu'à une explosion de violence brute.
Le casting est à la hauteur de la réalisation. Daniel Day-Lewis crève évidemment l'écran (quitte à en faire un peu trop) et Leonardo DiCaprio, Cameron Diaz, Brendan Gleeson, Liam Neeson, John C. Reilly sont tous très bons.