Fresque passionnante sur la construction d'un New York moderne, au travers la guerre des clans qui se partageaient alors des quartiers entiers de Big Apple, et entretenaient avec les responsables politiques des liens opportunistes, "Gangs of New York" repose d'abord sur une reconstitution historique impressionnante.
A l'opposé du traitement numérique de l'image, Scorsese décide ainsi de reconstruire des pans gigantesques de la ville telle qu'elle était au milieu du XIXème siècle, sur les immenses terrains de Cinecitta.
Là où le film s'avère moins convaincant, c'est dans sa manière très académique de mêler la petite histoire et la grande : cette vengeance d'Amsterdam Vallon (Leonardo DiCaprio, pour sa première collaboration avec Scorsese) aux dépens de Bill the Butcher (Daniel Day-Lewis, intense), sur fond de romance avec la belle et sauvage Jenny (Cameron Diaz), ne présente guère d'originalité, et pourra même sembler assez convenue.
Plus intéressantes sont les émeutes sociales qui éclatent à cette époque, parallèlement aux conscriptions pour la guerre de Sécession, très bien filmées mais un peu en retrait dans le scénario.
Reste un bon divertissement historique de près de trois heures (un brin longuet à mon goût), dont la mise en scène flamboyante s'avère l'atout numéro un. Scorsese demeure un réalisateur de premier plan, à l'image de ce zoom arrière sur New York façon Google Earth au début du film, à mettre en perspective avec le superbe plan final montrant l'évolution architecturale de la ville depuis cette époque jusqu'à aujourd'hui.