Anne Fontaine a le chic pour réaliser des films qui mettent la femme toujours dans une position assez border-line...
Dans Perfect Mothers elle s'attaquait à des mères pas si parfaites qui entretenaient des relations avec le fils de l'autre...
Ici on assiste à la mise en image assez troublante du classique de la littérature qu'est Madame Bovary.
Troublant pour deux aspects ; tout d'abord à cause d'une histoire en apparence tranquille, en apparence sage et policée... bref un film qui joue la note de la comédie française, sur fond de choc des cultures ; le truc vu et revu.
Or ce n'est pas vraiment sur cet angle là qu'il faut selon moi "lire" ce film ; car la vision qui est donnée est tout à fait pessimiste (on ne révélera bien sûr pas le final, tout de même assez déroutant et cynique).
Car, à l'aide de travellings calculés, d'image distanciée, Anne Fontaine ajoute à son film tranquille une véritable atmosphère malsaine, quasi perverse. Peut être (surement) grâce au cocktail Gemma Arterton + Fabrice Luchini . Lui et sa gueule de chouette paumée, au regard aussi doux que pervers, elle et sa gueule d'ange, au regard malicieux et à la force érotique pudique.
Car le film entier, par le regard de Luchini et des autres acteurs est transcendé par cette force érotique quasi dérangeante qui n'explose qu'à de rares moments ; d'autant plus frustrant.
Mais troublant aussi car en se plongeant dans Madame Bovary, Anne Fontaine glisse des détails que seuls ceux qui connaissent l'oeuvre pourront déceler. On semble être face à une énigme dont les détails et autres références seraient autant de clés d'analyse du film.
Car enfin on le sait, et Flaubert l'a dit lui-même, confondre littérature et vie est le pire des péchés.
Et le tout se conclut sur cette dernière scène déroutante, à l'humour caustique, qui ne fait que souligner tristement ce dernier aspect...