«Ghostland» rendrait fou même le plus sain des Hommes. Il nous plonge dès ses premiers instants dans un cauchemar vivant, presque irréel, glauque et malsain, froid, glacial, où l'on ne peut en ressortir indemne. «Incident in a Ghostland» est bien plus qu'un film d'horreur lambda, c'est un film profondément choquant, émouvant et malsain et qui au-delà de ça propose une belle réflexion sur l'acceptation des vérités, vérités qui permettent de grandir et d'évoluer pour ne pas devenir dingue. Pour cela, le film tourne autour du facteur psychologique, cherchant à nous questionner sur ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas, à démêler la vérité et nous pousser à reconstruire la chronologie de l'histoire, désordonnée, pour nous faire réfléchir au sens de l'intrigue et aux thématiques qu'elle développe. En effet, le film tend vers un côté profond plutôt que dans une horreur pure et c'est tout à son honneur car cela fonctionne : on en ressort avec un sentiment indescriptible d'avoir vécu nous-mêmes quelque chose d'éprouvant alors que nous sommes simples spectateurs d'une histoire racontée.
Né de l'imaginaire de Pascal Laugier, «Ghostland» permet à son réalisateur de revenir sur le devant de la scène avec son quatrième long-métrage, lauréat du Grand prix, du Prix du public et du Prix du jury Syfy au Festival de Gérardmer.
Le succès du film tient en partie à son scénario, écrit par le réalisateur lui-même et bien plus profond que l'on pourrait le croire de prime abord comme dit ci-dessus, mais il tient également à la réalisation et au visuel du film, tous deux absolument splendides. Le côté brut de certaines scènes (l'attaque de la famille ou même la fuite à travers la forêt) rendent la situation de la famille tragique et ce côté direct donne un côté authentique et du crédit à l'intrigue.
On peut également souligner la qualité de la photographie de Danny Nowak qui offre de beaux cadrages, donnant une certaine vivacité dans les scènes de combat et de lutte. Les tons sombres de la maison renforcent le côté dérangeant et ténébreux du film. Somme toute, rien à redire sur l'aspect technique du film.
Concernant la distribution du film, elle est phénoménale. Le trio de femmes y joue à la perfection et il n'y a absolument rien à redire sur leurs performances. Mylène Farmer (Pauline) est criante de douceur et de vérité dans ce rôle de mère aimante et protectrice, Anastasia Phillips (Vera), découverte dans ce film, est excellente en sœur qui tombe dans la folie et la désintégration ravageuse, elle propose elle aussi une performance criante de sincérité.
Enfin, Crystal Reed (Beth), découverte également dans ce film, a été pour moi la plus grosse révélation tant son interprétation est époustouflante. On voit à l'écran qu'elle se donne corps et âme dans son rôle pour que celui-ci soit crédible et cela fait toujours plaisir de voir une actrice investie dans son interprétation.
Toutes trois sont réellement excellentes dans leurs rôles respectifs et forment ensemble une cohésion parfaite, une alchimie sans égale et cela apporte forcément du crédit au film.
Il y a tant d'autres choses qui contribuent au succès du film que je ferai forcément l'impasse sur certains détails mais je tiens à souligner encore quelques points qui m'ont semblé importants. Je pense notamment aux décors de cette maison qui la rende autant sinistre et également à toutes ces poupées plus étranges les unes que les autres qui renforcent l'atmosphère angoissante générée tout au long du long-métrage. Je pense surtout aux maquillages, chose à laquelle on ne pense pas forcément lorsque l'on critique un film mais qui est ô combien important dans un film d'horreur et qui l'est grandement ici car ils contribuent largement à la crédibilité de l'intrigue et à toute cette violence qui, on le sent, n'est pas minime, loin de là. Ils sont très détaillés et ils nous font ressentir toute cette violence sur leurs visages. Je trouve que l'équipe des maquillages a réussi haut la main le pari de nous faire ressentir toute cette douleur physique à travers ces maquillages et en crédibilisant toutes ces scènes de violence.
Enfin, notons la musique stridente composée par le quatuor Georges Boukoff, Anthony D'amario, Ed Rig et Todd Bryanton qui contribue pareillement à ce sentiment d'oppression et d'enfermement, même si elle n'est pas non plus la composition la plus originale que j'ai pu entendre.
Il y a tant d'autres choses à dire sur ce film sensationnel qu'il est difficile de tout aborder dans une simple critique. Néanmoins, je pense avoir assez fait l'éloge du film pour donner envie d'aller voir et défendre ce film dans les salles obscures.
Un petit mot sur la fin du film qui conclue de manière admirable l'intrigue, où elle voulait en venir depuis le début et cela rejoint ce que je disais au début de ma critique : l'acceptation de la réalité, certes brutale, dure et ô combien difficile à accepter, mais qui donne une chance de se reconstruire, de reconstruire son esprit et de reconstruire sa vie.
On pourrait volontiers définir «Ghostland» comme un thriller psychologique profond, effroyable, où règne une violence psychologique infinie. Plus l'on s'enfonce dans le long-métrage et plus il est dur à regarder tant l'atmosphère est tendue. Il faut donc un minimum adhérer à ce type d'ambiance et être préparé à ce que l'on va voir, sinon c'est au risque de ne pas adhérer à ce que propose le film car en effet c'est tellement fou, osé et jusqu'au boutiste qu'il peut en laisser plus d'un sur le carreau, mais s'il vous plaît, laissez-lui sa chance. La chance de voir un film de genre réalisé par un français triompher. La chance de le voir réussir au box office. La chance de conquérir votre cœur, comme ce fut le cas pour le mien.
17/20