La vérité ça fait plaisir de voir des images des seventies sur grand écran et d'écouter ce vieil Iggy, parce qu'il est cooool. Pour autant, on aura vu des docus plus bandants sur des sujets moins sexy.
La forme : mon bon Jim, c'est ton devoir de fin d'études ou bien ?
C'est quoi ces incrustations de texte aussi vaines que laides et ces plans fixes plaqués sur certains mots en manière de gag ? C'est pour faire bouger l'image ? Pour un peu on avait droit au zoom / dé-zoom sur photo.
La bande son : tu sors de là t'as l'impression que les Stooges c'est 3 tubes et basta.
C'est pas loin d'être vrai, mais la bande originale ne l'est absolument pas. Pour un docu sur un groupe de rock, j'estime que c'est un problème.
"La forme c'est le fond qui remonte à la surface". Dieu sait si j'aimerais parfois que l'adage s'avère faux... Le fond, touchons-le.
La narration suit studieusement le parcours du anti-héros devenu légende : décrépitude / passage à vide > retour sur la vie et l'œuvre > happy end / consécration / #coeuraveclesdoigts
Certes, il y a ce moment de vérité nue et suintante sur la scène, lorsque Iggy parle de la fausseté et du mercantilisme de la vague hippie californienne en laquelle ils ne se reconnaissaient pas. Car les Stooges ne sont pas "le plus grand groupe de rock'n'roll de tous les temps", contrairement à ce que le pitch professe - le rock étant un état d'esprit et non un cercle virtuose.
Ils font plutôt partie des têtes d'affiches qui ont enterré le rock'n'roll radieux des 60's et leur déchéance fut à l'image de la décadence de ce mouvement musical et de l'esprit d'auto-destruction de ces années là. Mais le film poursuit sa route comme si de rien n'était jusqu'aux reprises, aux hommages (ok, ok...), puis viennent les music awards et... et... Coachella ! La machine à fric indie par excellence. The place to be pour jeunes gens bien peignés. Le Woodstock apprivoisé.
Cette critique est rabat-joie, mais il faut bien comprendre que ce travail n'est pas seulement scolaire, il est aussi paresseux. Le point de vue est celui de l'unique survivant, ramené dans la lumière par Bowie (le traitement de ce passage est d'ailleurs fort partiel).
Après quoi Iggy est rentré dans le rang, et c'est bien naturel. La contradiction dans l'essence même de son histoire ne le dérange pas, parce qu'il n'a rien demandé, "I'm only me" comme il dit. Mais du real on aurait aimé avoir un point de vue, pour le meilleur ou pour le pire. Jarmusch n'a pas même jugé bon de creuser un peu plus la sombre vie des frères Asheton. Il s'est contenté de sortir un produit sympathique brandé rock, bien dans l'air du temps avec les hashtags là où il faut. Gimme sadder...