Cinéma de chambre, comme dans un quatuor à cordes (ou plutôt un trio avec piano, puisque le père brille par son absence), on entend les voix intimes, de la fille, de la mère, et du prétendant. Chaque personnage se révèle à travers sa voix singulière, et dialogue avec les autres alternant complicité, opposition, manipulation, séduction.
Au-delà de la réelle densité musicale du film, des nuances subtiles de timbres, on voit se dessiner les lignes de tension de chaque personnage, un subtil équilibre entre défense et représentation de la norme, et une forme inévitable si ce n'est de transgression, au moins d'affirmation de soi, voire de révélation, car les masques tombent les uns après les autres, comme des feuilles mortes portées par une onde de choc dramatique. Nous sommes tellement prévisibles, mais il subsiste dans l'aveu ou l'expression de soi-même la force désarmante et irréductible de la sincérité de l'engagement.