Un film un peu lent à mon gout, s'articulant autour des relations d'un trio fille - petit ami de la fille et mère. Qui vont au fil des presque deux heures que dure le film évoluer par petites touches, ramenant chacun des protagonistes à ses faiblesses. La fille est une élève modèle, très bien intégrée dans une école privée qui pratique une éducation stricte et exigeante. Le petit ami est un beau gosse charmeur, qui n'a guère de mal à séduire la fille. La mère est désespérément seule et sent sa vie et sa jeunesse s'enfuir, projette énormément sur sa fille et va essayer de tromper sa solitude en s'incrustant, souvent maladroitement, dans la relation des deux autres. C'est bien interprété et plein de finesse, qualités dont la contrepartie est un manque de rythme; le tempo est en outre donné par la vie académique de l'école dont la fille et son petit ami sont pensionnaires.
Le titre pourrait laisser entendre qu'il s'agit d'un film portant un message féministe. C'est vrai et c'est faux à la fois. C'est vrai parce que certaines des situations qui viennent nourrir l'intrigue relèvent d'abus manifestes de la gent masculine et parce que ces abus ne sont pas naturellement sanctionnés par l'autorité académique. C'est vrai parce que la place des femmes (de la mère dans le film), peut-être dans la société indienne, est présentée comme étant de rester à la maison et de s'occuper de l'éducation des enfants et des tâches ménagères. C'est vrai parce que le petit ami abuse sans doute de la naïveté de la jeune Mira (la fille). Mais c'est également faux parce que le film ne porte guère de perspective d'émancipation et s'achève sur une scène où la mère et la fille s'enlacent en larmes, puis retournent se faire belles à la maison.
Disons donc qu'il s'agit d'un film qui dénonce la condition féminine en Inde. Et porte une critique sur la pudibonderie hypocrite qui l'accompagne. D'autant, qu'en matière de sexe, les dialogues appellent un chat un chat. Pour autant, il n'est pas certain que le milieu - aisé - dans lequel évolue les personnages soit totalement représentatif de l'ensemble de la société indienne. Que je connais fort mal par ailleurs, donc j'ai un peu de mal à me faire une opinion. Même si la presse européenne rapporte de temps à autres de sordides affaires de viols collectifs en Inde : épiphénomène ou crimes très largement répandus ? Je n'en sais rien. Voilà qui explique sans doute mon avis quelque peu mitigé sur ce film, un peu en décalage par rapport à mon référentiel. Pour autant, ça reste un (très) bon drame psychologique, avec peut-être une pointe de dénonciation du régime d'extrême-droite qui sévit en Inde (la tradition millénaire du pays et tout ça, tout ça...).