Je n'ai que peu de souvenirs du « Gloria » originel signé par le même réalisateur (à revoir pour une meilleure comparaison), si ce n'est que j'avais été assez déçu, malgré une actrice exceptionnelle et quelques beaux moments. Néanmoins, porté par mon amour pour Julianne Moore et les critiques (à nouveau) élogieuses, j'ai voulu y croire, cette fois à raison. Le film a beau ne rien raconter d'exceptionnel, la manière dont le fait Sebastián Lelio fait presque toute la différence, créant une très grande proximité entre l'héroïne et nous dès les premières secondes. Les mouvements de caméra, le choix des décors, la musique : tout concorde à une ambiance douce et presque festive, contrastant avec la situation délicate de Gloria et les déboires qui suivront.
Lelio n'en rajoute pas dans le mélodrame, et le ton choisi, ouvertement romantique, a quelque chose d'assez touchant, presque gracieux, notamment dans la manière de filmer sa protagoniste, l'élégance de la caméra comme du compositeur Matthew Herbert offrant quelques scènes magnifiques visuellement. Hélas, l'auteur de « Désobéissance » n'a pas corrigé certaines longueurs déjà problématiques dans l'original chilien. La scène du repas en est un bon exemple, et même si cela peut en partie se justifier, il aurait vraiment fallu enlever quelques minutes. On a un peu le même ressenti à plusieurs reprises par la suite, toujours dans une logique défendable, sans être vraiment convaincu.
Embêtant, donc, sans être rédhibitoire. Si certains personnages restent trop dans l'ombre, c'est aussi pour mieux mettre en lumière la quinquagénaire et cette solitude qu'elle essaie de fuir par tous les moyens, familiaux comme sentimentaux. Je n'ai donc pas tout aimé, mais la réalisation, l'image, la bande-originale et ses classiques (souvent disco) sont suffisamment riches pour que je me perde souvent avec plaisir dans ce beau portrait de femme, libre, forte et fragile à la fois, interprétée par une superbe rousse de 58 ans en faisant 15 de moins : Julianne Moore, peut-être en avez-vous entendu parler, bien accompagnée par un excellent John Turturro que l'on est ravi de revoir dans un si bon rôle. Un film, un vrai, qui aurait, certes, gagné parfois en concision, mais n'en gardant pas moins une aura, une élégance devenue rarissime au cinéma pour une réécriture plus « Bell » que son modèle.
Attachant.