Quelle n'a pas été ma surprise de découvrir en 2014 que Godzilla crache des lasers et a autant d'antagonistes que j'ai de doigts. Si le compte n'est pas bon pour vous c'est que je n'ai pas fait l'effort du calcul devant la quantité monstrueuse de bestioles. Comme beaucoup, je n'avais vu de Godzilla que la version par Roland Emmerich en 1998 s'apparentant simplement à un Tyrannosaure aux hormones. Si la vision de Final Wars a été un choc pour moi alors que j'avais commencé à combler mon ignorance lézardienne, j'imagine pas la tête du mec qui a regardé ça avec pour seul antécédent filmique la version Jurassic Park.
Mais ce n'est pas le seul appel à plus de culture que fera naître ce film. Une question au hasard : Pourquoi avoir déguisé le chef de la résistance en Staline ?
Est-ce qu'un dirigeant de la Toho a demandé un ersatz de Stallone et a été mal compris ? Y-a-t-il une profondeur politique proprement Japonaise ? Ou est-ce tout simplement un petit plaisantin qui a vu dans la moustache de Don Frye un potentiel Petit Père du Peuple avec le costume idéal ?
Quant au film il ne mérite pas le sceau Nanar.
C'est kitsch mais à prendre comme une parodie de Matrix, pas pour du mauvais goût. Le réalisateur nous donne à peine à voir un Godzilla qui s'efface derrière des mecs déguisés en mix de David Bowie, Freddy Mercury et les acteurs des pubs pour gel à cheveux. Au début on est en droit de se demander si le scénario n'a pas été remanié en cours pour s'adapter à des problèmes avec sa star (caprices, alcoolisme, dépression... tout est possible) dont la carrière a connu un long passage à vide après le tournage. Rassurez-vous cet effacement sert une montée en puissance de l'attente pour notre lézard préféré. Il sera bien présent et en forme (on n'est pas loin d'une version de Jean-Claude Van Damme à écailles), sauf qu'au lieu d'aguicher délicatement par des apparitions furtives, Ryūhei Kitamura rempli par des combats entre boys band et monstres neurasthéniques et nous fait un joli pied de nez avec une parodie des affrontement 60's 70's de Godzilla en plein milieu du film.
C'est parfois raté, la faute à une mise en scène inégale, pas aux excès. Ça vaut aussi pour les acteurs, efficaces quand il s'agit d'en faire des tonnes, un peu moins dans le naturel. Don Frye (Staline) ancien catcheur est parfait dans cet univers (le lien "blague qui dépasse les bornes" plus bas) dommage qu'il n'ai pas recyclé son talent tout en sourcil ailleurs après ce tournage.
Les scènes d'action réussissent (globalement) à tenir sur le fil entre le drôle et l'épique. Les punchlines marchent et c'est rare ! J'avoue avoir ri beaucoup trop fort sur ce Yeah ! over the top qui, hasard du calendrier, résonne avec la toute fraîche législation Russe sur les violences domestiques. Et si je vous dis qu'au milieu de tout ce bordel on s'habitue même à la présence du fils de Godzilla ? (images gênantes pour la licence censurées)
C'était un joyeux bordel. Loin d'être un grand film comme le mérite Godzilla, mais un vrai plaisir régressif contemporain. Même la fin envoie valser un semblant de logique scénaristique tiré du manuel pour plaire
L'humanité demande pardon à Godzilla, petit moment émotion, puis 30 secondes après "héros fade n°1" fait une déclaration guerrière face caméra.
Dur à accepter comme conclusion mais c'est con comme le reste, l'unité du film est sauve.