Pourquoi GOLDENEYE n'est pas satisfaisant ?

On croyait "James Bond" mort et enterré, dépassé après la chute du Mur de Berlin. Nombreux sont ceux qui pensaient qu'avec la fin de la Guerre Froide, le personnage n'avait plus vraiment de raison d'être. Mais finalement, après de nombreuses années d'attente, Pierce Brosnan a fini par endosser le smoking de 007. Depuis le temps que Cubby Broccoli en rêvait ! Et le résultat est plutôt mitigé.

Ça commence par la nouvelle Gunbarrel sequence qui casse les oreilles à coups de percus et de rythmes synthétiques du plus mauvais effet, étouffant le riff du thème dans le mix. Le prégénérique vaut ce qu'il vaut, jusqu'à la fin où Bond plonge dans le vide pour rattraper un avion sans pilote qui va se crasher. Il monte dedans, le redresse et s'échappe. Très mauvais signe. Générique. Visuellement c'est très joli, mais musicalement médiocre. J'aime beaucoup Tina Turner, mais pas cette chanson ratée de Bono & The Edge (qui eux-même la trouvaient sans intérêt). Les couplets sont sympas mais le pont/refrain est catastrophique. On lit plus loin que la musique est d'Eric Serra, ce qui explique l'horreur sonore de la Gunbarrel sequence.

Le film à proprement parler commence et Serra massacre la séquence d'ouverture avec ses sons synthétiques pourris des années 1980. Il est complètement à côté de la plaque. Ce type a dix ans de retard. Pendant ce temps-là, Martin Campbell applique consciencieusement sa to do list  : "Aston Martin DB5" : Fait, "Casino + smoking" : Fait, "Vodka Martini au shaker" : Fait, "Bond, James Bond" : Fait, "Routine avec Moneypenny" : Fait, "Routine avec Q dans son labo et présentation de la nouvelle voiture" : Fait, et ça continuera jusqu'à la fin avec le dialogue de reconnaissance, les Caraïbes et la base du méchant cachée sous un lac qu'on finit par faire exploser.

Les ingrédients sont là, mais la forme et surtout le scénario, restent à convaincre. Dans les débuts du film, on a du mal à se focaliser sur l'intrigue tant on est occupé à cocher les cases de la to do list de Campbell. D'autant plus qu'on est souvent sorti de l'intrigue par Eric Serra qui fait de la m.. de. Heureusement, on arrive finalement à se recentrer sur les péripéties en s'attachant particulièrement à Natalya Simonova (Izabella Scorupco) et pas seulement parce qu'elle est (très) jolie, mais parce que son personnage est intéressant et qu'on s'inquiète pour lui. En revanche, Xenia Onatopp (Famke Janssen) est totalement ridicule du début à la fin. L'excès du personnage vire au grotesque le plus complet.

L'histoire poursuit son cours et, mine de rien, on se laisse accrocher. D'autant plus que Serra s'est calmé et semble avoir remisé ses machines dans un coin pour la fin du film (la prod' le lui a peut-être demandé ?) On nous offre de bonnes scènes et de bonnes idées, mais il y a beaucoup de déchets et de choses inutiles (c'est quoi cette scène au bord de la plage façon pub pour du Malibu pèche-fraise ? Et la séquence du char d'assaut dans Petersbourg qui dure des plombes ? Et toutes les scènes avec Famke Janssen ?) Autrement, la distribution est plutôt bonne et on n'a pas de mal à accepter les nouvelles M (Judi Dench) et Moneypenny (Samantha Bond), mais ça fait un peu curieux de retrouver Joe Don Baker (le Whittaker de Tuer n'est pas jouer) en Jack Wade de la CIA. C'est un peu comme Charles Gray devenu Blofeld dans Les Diamants sont éternels après avoir été Henderson dans On ne vit que 2 fois. Mais bon.

Avec GoldenEye, on entre aussi dans l'ère informatique. Et le film tombe forcément dans le poncif propre à l'époque contemporaine qui veut nous faire passer pour du suspense insoutenable l'image d'une tête à claques derrière son ordi tapant n'importe quoi sur les touches de son clavier en transpirant. L'informatique sera la mort du cinéma policier.

Pierce Brosnan prend néanmoins sa place petit à petit, mais on a encore du mal à se faire à l'idée que c'est Bond. C'est un genre d'hybride entre le minet poseur de Roger Moore et l'énergie brute de Timothy Dalton. C'est un Bond de compromis. Reste à savoir si ça tiendra sur la longueur ou si ça finira par lasser.

Muffinman
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les films que "tout le monde" aime... sauf moi et Les meilleurs James Bond

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le 1 déc. 2024

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