Intéressant de se replonger dans le scandale du glyphosate, surtout avec une œuvre aussi informée, argumentée que « Goliath ». Sur le fond, il n'y a d'ailleurs pas grand-chose à reprocher à Frédéric Tellier : on sent une évidente volonté d'informer, de sensibiliser, d'expliquer les événements avec un militantisme évident, sans pour autant tomber dans la dramatisation à outrance ou la caricature. Chaque point de vue est entendu clairement afin de rendre concret l'action et le combat contre (ou pour!) les pesticides et les nombreuses conséquences qui vont avec pour beaucoup de citoyens, sans oublier de mettre devant leurs responsabilités les lieux où tout se joue (à commencer par le Parlement européen).
En fait, le seul problème de « Goliath », c'est qu'il est... français. Je ne veux vraiment pas avoir l'air de m'acharner, mais clairement, la forme n'est pas à la hauteur. C'est vrai qu'on ne s'ennuie pas, l'écriture est très convenable, les interprètes convaincants, certains animés d'une belle ferveur, les autres démontrant leur talent pour rendre plus complexe des personnages presque objectivement abjects. Mais que cette photo est terne. Que cette réalisation manque de puissance. On a droit à un énième montage bien scolaire alternant le parcours de l'avocat, de la militante et du lobbyiste. Il faut que nous ayons un personnage secondaire mourant mal exploité, dont la maladie n'est vraiment claire une partie du récit. Dommage également qu'on ne comprenne pas mieux le rôle de certains, notamment dans la sphère politique.
Maintenant, si cela diminue l'impact du film, ça ne le fait pas disparaître non plus. On y croit. Le propos est crédible, réaliste, ne cherchant jamais à enjoliver une vérité pourtant difficile à avaler, absence d' « happy end » compris, sans oublier la présence presque symbolique d'un Jacques Perrin qu'on a plaisir à revoir, même assez brièvement. Dans des mains autrement plus expertes, le résultat aurait été bien supérieur, c'est une évidence. Reste que c'est Frédéric Tellier qui a mené le projet, avec ses points forts et ses points faibles : à défaut de grand film, un bon « thriller militant », ce qui est déjà pas mal.