"Grand Central" commence vraiment bien, dès le générique : grosses lettres rouges majuscules sur fond noir, bande son anxiogène, on devine que Rebecca Zlotowsky a du talent.
Idem pour la mise en place des personnages et du récit : apparition d'une Léa Seydoux torride en garçonne bombasse, charisme évident des massifs Olivier Gourmet et Denis Ménochet, cadre électrique de ce camp de travail estival où on partage tout, puis surtout de cette inquiétante centrale nucléaire, visible de partout.
Métaphore évidente entre les dangers de la radioactivité et ceux du désir, perte de contrôle des différents protagonistes, on est longtemps saisi par cette histoire banale, dans un univers qui ne l'est absolument pas.
Malheureusement le récit s'essouffle progressivement, et la seconde moitié du film s'avère assez inégale, avec des séquences fortes et des scènes plus convenues.
Si Gourmet et Ménochet proposent une interprétation convaincante, je suis moins emballé par Tahar Rahim, qui sans être mauvais manque de présence. D'autant que l'attraction fatale censée le lier à Léa Seydoux ne saute pas aux yeux. La sobriété de son jeu va finir par être handicapante pour Rahim, même si visiblement ça ne gêne pas les metteurs en scène français, qui pour l'instant le plébiscitent.
Pour conclure je dirais que miss Zlotowsky est une jeune cinéaste à suivre ; même si son "Grand Central" ne tient pas toutes ses promesses, voilà une œuvre qui dégage quelque chose de sensible et de personnel (j'ai encore en tête la scène où la jeune femme interprète "maladie des amoureux" à la veillée...).