Alors, c'est la première fois que je me confronte au cinéma du réalisateur portugais, Miguel Gomes. Donc, mon avis se base uniquement sur mon expérience devant ce Grand Tour. Peut-être qu'il a dans sa filmo, deux-trois pépites qui méritent que je m'y arrête. J'ose l'espérer. Reste que pour l'œuvre critiquée ici, les seules sensations que j'ai ressenties sont le vide et l'ennui.
Alors, il est incontestable que le cinéaste sait filmer. Je ne vais pas dénier cette évidence. Son visuel, qu'il soit en noir et blanc ou en couleurs, est très beau. Formellement, je n'ai absolument aucun reproche à formuler. Par contre, narrativement et scénaristiquement...
Alors l'ensemble se base librement sur une nouvelle de l'écrivain William Somerset Maugham. Ben, réussir à donner un résultat aussi chiant et creux à partir d'un auteur aussi captivant et d'une grande justesse pour ce qui est de créer des personnages vraisemblables, c'est de l'ordre de l'exploit.
Donc, l'intrigue, en elle-même, se résume ainsi : dans l'Asie du début du XXe siècle, un fonctionnaire britannique erre, à travers plusieurs pays du continent, dans le but de fuir sa fiancée. Cette dernière décide de le retrouver, coûte que coûte, en le traquant...
Il y a un potentiel romanesque de ouf là-dedans, n'est-ce pas ? Sauf que Gomes a décidé de tout faire pour niquer le plus petit souffle de ce type qui pourrait en ressortir.
D'abord, au lieu de mettre en parallèle, la fuite du fiancé et la traque de la fiancée, le metteur en scène décide de raconter, sur la première heure, la fuite du fiancé, puis, sur la deuxième heure, la traque de la fiancée. Ce qui alourdit le tout d'un aspect répétitif ultra-gênant, même si la traque est un poil moins endormante, parce que la comédienne a plus de charisme que son fade contrepoint masculin et que l'esquisse de son personnage est nettement plus intéressante. Conséquence, on a le défaut supplémentaire d'un gros déséquilibre entre les deux moitiés du long-métrage.
Ensuite, loin de filmer intégralement, par le biais de la caméra, cette fuite et cette traque, le Monsieur fait sa Marguerite Duras, grande spécialiste du somnifère filmique, en les racontant, principalement, par le biais de plusieurs voix-off, bien léthargiques, en plusieurs langues asiatiques, sur des scènes de vie documentaires contemporaines des divers endroits traversés, ayant souvent très peu à voir avec ce qui est narré. J'y vois surtout la flemme d'un cinéaste qui n'a pas eu le courage (possiblement, aussi, le budget !) de mettre en scène les nombreuses séquences en question et de diriger ses acteurs. Pour l'émotion et la consistance, vous pouvez aller vous faire foutre.
Et pour finir, il achève de sortir le spectateur, que je suis, de l'histoire, avec d'autres effets de distanciation tout aussi inutiles, comme ces bips censurant des insultes, au détour d'un échange, ou comme ce mouvement de caméra révélant un des projecteurs utilisés pour tourner le film. Pour apporter quoi ? Comme les autres choix de mise en scène, rien de bon, à l'image de l'entièreté de Grand Tour.