En décembre 2012 j'étais tombée amoureuse d'un film incandescent Tabou, de deux interprètes renversants Ana Moreira et Carloto Cotta sosies de Greta Garbo et d'Errol Flynn et d'une histoire d'amour romantique, romanesque et passionnée. L'expérience cinématographique était déjà déroutante mais fascinante, envoûtante même. Au vu de la superbe bande-annonce de ce Grand tour, je me suis embarquée sans la moindre hésitation pour le voyage d'autant que l'Asie est un continent qui m'attire comme un aimant. J'étais donc partante pour parcourir la Birmanie, la Thaïlande, Singapour, le Vietnam, les Philippines, la Chine et le Japon avec Edward et Molly. Hélas, la balade escomptée s'est rapidement transformée en parcours du combattant.
Les images sont belles, magnifiques, sublimes je ne reviendrai pas là-dessus (big up au bouddha géant taillé dans la pierre, aux sampans qui glissent). Le noir et blanc vaporeux enveloppe, impossible de nier. La musique exalte, notamment une scène de ballet de scooters follement réjouissante sur une valse de Johann Strauss et je suis sortie de la salle en sifflotant La mer de Charles Trénet. Tout ceci vaut deux étoiles.
Pour le reste, je pense que Miguel Gomes a oublié un élément essentiel dans son grand tour de manège : le spectateur ! Ou peut-être lui fait-il trop confiance pour l'abandonner ainsi à son périple. Deux parties distinctes. D'abord le voyage d'Edward le fiancé en fuite qui reçoit régulièrement des télégrammes de sa dulcinée (je me suis vraiment demandé, un détail sans doute, où elle les lui envoyait) qui le font fuir davantage. Puis le voyage de Molly qui le suit à la trace avec souvent une journée de retard. C'est ballot. Mais les deux voyages se déroulent successivement et pas simultanément ce qui aurait peut-être ajouté un peu de piment à... l'action : les tourtereaux vont-ils finir par se retrouver ? Ne comptez pas sur moi pour vous le révéler. La cavalcade dure 7 ans !
7 ans en 2 h 8 minutes, c'est très long même si le noir et blanc est très beau mais refaire deux fois le même voyage à quelques variantes près alors que l'ennui et l'assoupissement rôdent, c'est beaucoup. Je me suis accrochée au dépaysement mais ce ne fut pas suffisant. Quant à l'interprétation, elle m'a laissée perplexe. Le fiancé a le charisme d'un nem et la fiancée exaspérante m'est apparue comme une sotte qui glousse constamment. Sa façon de pouffer avant de répondre à chaque question est horripilante. Puis brusquement, sans doute lassée de cavaler après un gars qui s'échappe, elle devient méchante. Mais 7 ans à cavaler derrière une anguille n'est-ce pas ce que l'on appelle érotomanie ?
Quant à l'émotion : elle répond aux abonnés absents !
Si certains vous parlent de colonialisme concernant ce film, ce doit être les mêmes qui parlent de féminisme pour The substance.