Grand Tour
6.4
Grand Tour

Film de Miguel Gomes (2024)

A pris son ticket pour le manège de Miguel Gomes, et n'est pas déçu.

Hum…

Exercice délicat devant ce grand tour.

Est-ce que ça m’a plu déjà ce film ?

Je crois bien que oui.

Pourquoi ?


Ah mince, ça devient tout de suite plus dur. Quelles émotions ais-je ressenti ? Face à quoi ?

Et tiens, pourquoi est-ce que je les ai ressenties, ces émotions ? (Les seules questions valables à se poser face à une œuvre d’art, le reste n’est que balivernes).

Le premier truc qui me revient, quelques jours après le visionnage, c’est cette grande roue qui est à Rangoun je crois.

Mine de rien, dans un monde peuplé d’images de voyages, il devient compliqué de s’émerveiller, de ressentir quelque chose de profond face à des pratiques étrangères et lointaines.


Surtout dans certains cercles sociaux, comme celui des jeunes français.es privilégié.es ayant eu la chance de pouvoir nous payer des embarcations pour aller en quête (de quoi d’ailleurs ?) Dans de lointaines contrées, non seulement nous en avons vus des images, mais certaines directement avec nos yeux.


Alors c’est peut-être ça, le premier pari réussi de Miguel Gomes avec ce grand tour. Celui de nous faire ressentir par moments un grand frisson de découverte et d’émerveillement.

Cette valse de scooters entrecoupée d’une danse du dragon, j’étais complètement scotché. “Je n’ai jamais vu ça avant”.

On les a vus ces scooters dans les pays asiatiques, dans des circulations folles, où rien que l’idée d’enjamber la dit mobylette peut faire peur. Mais là on Miguel nous transforme tout ceci en une danse lente et sensuelle, musique à l’appui, bref il nous transporte.


Pour autant, le film est long. Et clairement, il ne va pas nous ménager. On va passer de pays en pays, alternant fiction et documentaire, les deux subtilement mélangés, se nourrissant l’un l’autre. Le documentaire reste ancré dans le récit avec les voix off et ces scènes de marionnettes par exemple, où l’on imagine bien Molly et son rire pouffé, entraînée par son élan de vie vers Edward qui n’aura de cesse de la fuir.


C’est beau un film romantique qui ne parle pas de l’amour entre les deux personnages. Ca change. C’est intéressant non ? Pas de dialogues crève-coeur et d’hyper sentiments à l’écran. Non plutôt une expérience du voyage, entre ce qu’il avait de colonial, et ce qu’il a désormais de commercial.


Les deux aspects fusionnent, on documente le commerce de l’ancien, on fictionne l’ancienne domination des colons.


Parfois l’attention divague, c’est comme devant du Apitchapong, qui peut me regarder droit sur son téléphone et oser me dire “J’ai été attentif du début à la fin et je n’ai pas connu l’ennuie !”


Personne, et ce n’est pas grave. Car les scènes changent, la couleur revient parfois, arbitrairement, le grain de l’image bouge également, on revient sur nos personnages pour mieux les quitter et documenter, cette alternance permet de reconnecter et d’être régulièrement aux aguets face à ce qui se passe devant nos yeux.


S’il n’est pas prétendant au top5 de l’année, il n’en est assurément pas loin, et fera office de challenger dans un petit listing de ce qui me reste en cette fin 2024 et qui parsèmera cette chaîne très bientôt, étant particulièrement dépourvu d’imagination, je le concède.


Je laisse les cinéastes me toucher avec la grâce de la leur, et vous devriez faire de même en allant faire un Grand Tour au cinéma d’ici la fin de l’année !






Boulloche
8
Écrit par

Créée

le 5 déc. 2024

Critique lue 23 fois

Boulloche

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