Des couleurs au noir et blanc, des paysages asiatiques contemporains parsemés de voitures et de masques de chirurgie, une poursuite amoureuse en 1918 raconté en voix off, sous une bande son passant du Tchaïkovski à des musiques locales criardes. Grand Tour est un voyage dans le monde asiatique (Singapour, Viet Nam, Thaïlande, Philippines, Japon, Chine) et dans le temps qui vient nous montrer l’intemporel des cultures et coutumes que la caméra traverse.
Dans Grand Tour, Miguel Gomes réutilise ses shootings de son voyage en 2020 pour les intégrer à son scénario et les faire vivre dans le regard de ses personnages. Edward un jeune fonctionnaire anglais à Rangoon fuit sa fiancée, Molly, alors qu’elle doit le rejoindre, celle-ci par alors à sa poursuite, sûre d’elle et déterminé en opposition d’Edward indécis et contemplatif.
Film plutôt expérimentale, le jeu entre les différents plans ceux de 2020 et l’histoire se déroulant en 1918 peuvent être déroutant au premier abord, pourtant malgré leur opposition c’est le même esprit que l’on retrouve. “Nous savons que la beauté commence où s’arrête le guide” nous disait Cocteau qui dans son Tour du Monde en 80 Jours décrit à merveille ce que Gomes nous raconte. Suivant cette maxime le réalisateur portugais nous présente l'Asie du derrière des cartes postales. Le scénario quant à lui nous fait suivre Molly dans une seconde partie (le personnage d'Edward étant bien moins captivant et attachant), une femme haut en couleur, un rire particulier qui ne lassera pas le spectateur et une détermination teinte de naïveté qui la fera suivre son fiancé ,un peu lâche, malgré la maladie et les difficultés. Une histoire touchante et pure loin des habitudes tordues et graveleuses du cinéma.
Le final du métrage s’offre même une mise en abîme sublime où les lumières du tournage rentre dans le champ pour réveiller Molly de la mort.
L’art est une création qui ouvre le champ des possibles à l’infinie et Grand Tour en est un bon exemple qui par son originalité a bien mérité sa palme pour la mise en scène à Cannes.