C'est un projet toujours très ambitieux que d'adapter une œuvre littéraire au cinéma, un art ne remplaçant pas un autre. Avec une adaptation vient le débat de la fidélité à l'auteur, qui pour notre film mériterait un article complet, nous ne rentrerons pas dans ce conflit et considérerons le film comme une œuvre indépendante, sans la juger par rapport au roman de Dumas.

Edmond Dantès (Pierre Niney) est arrêté le jour de son mariage alors qu'il vient d'être promu capitaine dans la marine marchande, accusé de conspirer contre la monarchie (nous sommes sous la Restauration.), il est envoyé en prison au château d'If. Cette arrestation est orchestrée par Danglars un marin jaloux et appuyée par Fernand de Morsef qui désire Mercedes fiancée du héros qu'il épouse par la suite tout cela avec la connivence du procureur ambitieux Gérard de Villefort(Laurent Lafitte). Edmond, passé pour mort, s'échappe après quatorze ans d'enfermement, et vient réclamer vengeance, "justice".

Nous suivons, dans un film séquencé en chapitres, toute la mise en place du stratagème terrible d'Edmond qui se fait désormais appelé le Comte de Monte-Cristo. Malgré cette intrigue complexe qui s'entremêle avec une multiplicité de personnages, le métrage parvient à se concentrer sur le personnage d'Edmond sans s'égarer, même si d'autres protagonistes sont alors négligés. Le Comte de Monte-Cristo prend le temps d'installer son scénario, il ne cherche pas à accélérer le déroulement du film ni à occupé l'espace par des scènes inutiles. Ici, ce n'est pas l'histoire qui prime, mais le personnage du Comte qui au cœur de notre attention, de nombreuses scènes nous le présente seul dans l'intimité de sa conscience. Chaque plan vient appuyer sur cette profondeur du héros et le tiraillement de son âme, nous montrant à la fois le mystère et la magnificence du Comte par des séquences parfois lentes et centrées sur les visages. Tous les dialogues sont très bien écrits dans un Français parfait du XIXe, profond et poétique.

Le niveau est bien supérieur aux médiocres Trois Mousquetaires de cette année, le Comte de Monte-Cristo fait ici honneur au cinéma. Mais nous pouvons déplorer une fin un peu décevante, pas à la hauteur du reste, les vingt dernières minutes du film tourne au Happy End ou au film d'action Hollywoodien. La scène de retrouvailles entre Mercedes et Dantès est décevante, au lieu d'une mère éplorée se confondants d'excuses et de supplications, nous trouvons une femme confiante, plus mélancolique que tragique. Mercedes devient un peu plate et sans mérite par rapport au Comte qui est presque facilement amadouable. Le reste s'enchaîne un peu vite l'affrontement un peu pathétique entre le Comte et Morsef, et cette vengeance qui semble se perdre au final.

Malgré une fin un peu décevante, Le Comte de Monte-Cristo est un digne film qui réhausse le cinéma français par sa qualité visuelle, scénaristique, le jeux d'acteurs, Pierre Niney rentre bien dans le rôle mais ne pourra pas nous faire oublier la performance de Depardieu qui reste indépassable. Une musique qui colle aux ambiances qui se succèdent et n'est pas redondante, en résumé: un film de qualité qui en annonce d'autres.


Henry_Labrunie
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le 4 juil. 2024

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