La Palme d’or de l’année 2024 a fait beaucoup de bruit mais s’est conclue par un large consensus des spectateurs. The Substance est un film d’horreur qui s’approprie plusieurs thématiques du vaste genre, puisant dans de nombreuse références et inspirations qui donnent au film un aspect très aboutit et perfectionniste. Coralie Fargeat, la réalisatrice, nous livre ici une oeuvre à mi-chemin entre l’horreur psychologique, en témoignent les références nombreuses à Shining, et le “splatter movie”, film gore que la réalisatrice pousse à l’extrême et que nous pourrions qualifier ici de Porno gore. Derrière une esthétisation parfois grossière, le métrage est une critique des individus et de la société dans leur rapport au physique et à la sexualisation ainsi que l’hyper superficialisation qui en découle, mettant en scène le refus d’accepter son corps, de la dépression boulimique à la jalousie.

Le film raconte l’histoire d’une actrice hollywoodienne déchue dont l’âge l’a fait bientôt quitter la scène. Incapable d’accepter son vieillissement surtout au regard de sa gloire passée, elle accepte de prendre “la substance” produit mystérieux qui lui permet d’avoir un double sois, “une meilleure version de soi-même” avec qui elle doit partager la vie une semaine sur deux, l’une vivant pendant que l’autre reste dans un genre de comma. L’équilibre des semaines doit être impérativement tenue et même si les deux femmes sont unes, elles n’en feront qu’à leur tête.

L'inspiration qui domine le plus le film est le rapport Cronenbergien à la matière. Tout le film joue sur les textures et les chaires ainsi que les bruits que ce soit un homme en train de manger des crevettes ou une transformation physique gargantuesque, le dégout cherchant à être provoqué.

Le thème de la transformation physique est ultra présent, abordant la décrépitude de l’âge comme la mère dans Requiem for a Dream ou celui d’un changement plus drastique comme dans La Mouche, le film allant jusqu’à emprunter à The Thing et Eléphant Man.


Cette pluralité des références et des modifications corporelles peut parfois devenir indigeste et même écœurante. Le film pousse sa fiction jusqu'à l’extrême dans une sur esthétisation qui touche au vulgaire et au pornogore (la scène final), on ne retrouve pas la subtilité d’un Cronenberg dans sa mise en scène et le film parait surcharger. Néanmoins le jusqu’au boutisme de Coralie Fargeat nous plonge dans son univers, des plans minimétrés, deux actrices plus qu'à la hauteur et une surenchère de dégoût au niveau des ambitions du film et d'une Palme d'or.


Henry_Labrunie
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il y a 4 jours

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