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Le film documentaire de Visconti sur la famille Valastro, pêcheurs siciliens miséreux, ne cessent d’impressionné par son réalisme et son pessimisme. Pourtant s’il est vu comme un des manifestes du néoréalisme, son réalisateur se trouve tirer entre deux influences dans ce film. Celle du village d’Aci Trezza de ses habitants à la vie rude qu’il a côtoyés et celle d’Odessa et ses habitants subissant la répression du tsar pour avoir soutenu le Cuirassier Potemkine.


La première ambition de Visconti est de faire un documentaire sur la vie de ses siciliens, réalisme auquel il s’attache tout le long notamment par la langue Sicilienne qu’il conserve. Mais cette ambition se trouve en opposition avec un système de penser marxiste. Tout système philosophique n’est qu’une grille de lecture d’interprétation du réel et en aucun cas le réel lui-même, ce que ne renierait pas Nietzsche. Malgré cette volonté de coller à ce qu’il voit, transparait cette vision d’une lutte des classes entre oppresseurs ici les grossistes, qui sont toujours dans le métrage vicieux, moqueurs et avares, présentés entourés de la nourriture qui manque aux pêcheurs ; et oppressés nos pêcheurs pieds nus et en haillons. Une lecture du monde qui semble réductrice d’autant plus et Visconti le montre bien qu’elle n’est pas celle des concernés. Ces derniers voient dans leur malheur le coup du sort, la volonté de Dieu, l’ordre des choses.


Si Visconti cherche à s’approcher au plus près de ses personnages mais dans une vision socialisante il vient séparer des structures dont les relations sont en réalité plus poreuses, créant une nécessité de l’opposition et de l’union fasse aux grossistes. Une dialectique qui joue sur la volonté première d’un film documentaire. Ce regard par le système philosophique qu’est le marxisme n’en détruit pas moins la beauté , profondeur et la réalité de la condition de ces Siciliens. Néanmoins l’expression du néoréalisme italien est beaucoup plus objective et détaché de tout jugement à priori chez un Rossellini qui dans son Stromboli nous parle aussi de la vie chez les Siciliens.

Henry_Labrunie
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