Grave est un film moyen.
Visuellement, on remarquera la composition de certains cadre même si certaines images, composées parfois maladroitement n'impressionnent pas... Au niveau de la lumière, un éclairage rouge baigne les scènes de manière grossière. Le rouge est pratiquement visible sur chaque plan au point de foutre des lumières rouges complètement injustifiées pour éclairer le self de la cantine -_- C'est facile et même pas beau.
Visuellement, le film, qui traite de bizutage dans une école vétérinaire, n'échappe pas à l'effet "film de fête de jeunes" #skinparty avec ce que cela comporte de scènes éculées et ridicules parce que destinées à nous impressionner
(la fille qui lèche l'oeil du mec parce que c'est le truc "#sexy#hardcore#badass#troptrash#quivientduJapon" du moment)
Quant au scénario, beaucoup de choses semblent artificielles et forcées (à l'image du monologue de l'infirmière qui sort vraiment de nulle part) et d'autres vont trop loin dans l'envie de nous dégouter gratuitement, mais ce qui déçoit vraiment, c'est la résolution. Bien qu'elle est du sens et colle logiquement au reste de l'histoire, quelle déception!
Quel dommage que le cannibalisme soit "juste" un truc familial !!!
Sinon, les acteurs sont très bons. Rabah Naït Oufella que l'on avait déjà vu cette année dans Nocturama est super, Garance Marillier, est aussi très juste, on remarquera sa superbe soeur jouée par Ella Rumpf, et, on est ravis par la présence des géniaux Laurent Lucas et Joana Preiss dans le role des parents même si on regrette leur présence moindre à l'écran.
Bon, tout ça c'est très cool mais alors, pourquoi tout ce patacaisse autour de GRAVE?
La prouesse de ce film reste qu'il réussit indéniablement à toucher un point sensible. Loin d'être le premier film sur cannibalisme, Grave traite le sujet de manière plutôt inédite.
Ce qui est intéressant c'est de voir là où ça touche. Car le film n'est pas gore. Il frappe ailleurs; dans le malaise, un malaise profond car viscéral. Grave pose la question de la pulsion, de l'abandon à un besoin, et c'est pourquoi l'analogie avec le thème de la sexualité est bienvenue. Justine (on suppose un petit lien avec celle de Sade qui se fait initier à toutes sorte de vices) est vierge et végétarienne, elle va céder à ses pulsions qu'elle a trop longtemps refoulé.
C'est ce lien entre cannibalisme et sexualité qui en a mis plus d'un mal à l'aise, car, l'usage du thème universel qu'est la sexualité permet de décrire quelque chose de très clair pour tout le monde...
Là où je l'ai vu, plusieurs personnes sont sorti de la salle pendant le film. L'ami qui m'accompagnait a lui aussi eu "besoin de prendre l'air" après la première scène de cannibalisme...
Voilà toute la justesse de Grave, c'est le côté graduel de la découverte qui rend le cannibalisme réel, quotidien, naturel, irrésistible. Le spectateur se trouve ainsi dans une empathie inespérée et directe avec ce que vit le personnage. La véritable réussite de Julia Ducournau est de nous faire manger de l'humain en même temps que son personnage et ce qui est horrible, c'est que Justine n'est pas un monstre mais juste une jeune femme qui découvre son corps et les pulsions qui vont avec.