Attention, cette critique contient des spoilers.
Ovationné par Télérama, ARTE , Première, une note presse de 4,1 sur Allociné : décrit comme le renouveau du cinéma français, le bijou du septième art 2017, GRAVE , à peine sorti, jouit déjà d’une notoriété prestigieuse. Sa diffusion avait fait grand bruit à la semaine critique de Cannes : car en plus d’être un trésor visuel, le film est tellement sulfureux, subversif et dérangeant qu’il y aurait eu lors de cette séance vomissements et évanouissements .
Beaucoup de choses à dire sur ce film réalisé par Julia Ducornnau et produit par Julie Gayet
Nous suivons donc Justine, jeune étudiante fraîchement débarquée en école vétérinaire où sa grande sœur est déjà scolarisé. Dans sa famille, tout le monde est vétérinaire et végétarien. Lors d’un bizutage, elle se voit contraindre à manger de la viande et hop, la voilà devenue cannibale.
Première chose choquante : la réalisatrice adopte sans conteste un parti pris réaliste. Le cadre familial et estudiantin dans lequel évolue notre apprentie Hannibal Lecter se veut fidèle à la réalité : des jeunes, un campus, du bizutage, des fêtes délurées-bien qu’un peu mises en scène et clichées-, quoi de plus banal. Rien de fantastique à priori. Mais non, on a au milieu de tout ça deux jeunes sœurs cannibales, dont l’une provoque des accidents de voiture à répétition pour dévorer les pauvres passagers, mais non la police ne remarque absolument rien d’anormal. Une fille qui se balade en soutien-gorge près d’une route fréquentée, la aussi aucune intervention de l’école, des parents, de la police.
L’ensemble de la communauté étudiante entourant les deux sœurs semble avoir connaissance de leur singulier vice (vidéos diffusées, excès cannibales de Justine sur ses camarades, bagarres de morsures entre les deux filles…) mais là non plus, aucune réaction. Cet élément scénaristique qu’est l’absence d’intervention d’une tierce personne face à tous ces débordements pourtant ostentatoires, dans un cadre qui plus est ultra réaliste , est à mes yeux un non-sens majeur. Comment croire aux propos du film, rentrer dans l’histoire si le film lui-même se contredit ?
De plus, le film se veut intellectuel, métaphorique. Il est avant tout prétentieux en fait . Certaines critiques que j'ai pu lire trouvent un parallèle entre la découverte du cannibalisme et l’éveil à la sexualité de l'héroïne. Je ne vois pas le rapport, et si rapport il y a , l’intérêt de celui ci. Quel est le message philosophique, les réflexions à dégager de toute ce déversement d’ hémoglobine ?Certaines scènes semblent vouloir dire quelque chose de super spirituel (la scène ou le drap dévoile le chien, la conversation avec le routier) mais on a beau se creuser la tête , on n’en voit pas l’intérêt. Ou alors sommes-nous trop bête pour comprendre.
Je passerais sur les clichés vraiment enfantins sur les fêtes étudiantes où tout le monde embrasse tout le monde , où tout le monde se drogue et tout et tout. Je passerais les commentaires sur les conversations bidons, téléphonés , du style « tu flippes ? » (regard ténébreux) « je devrais ? » alors qu’on est en train de parler de cannibalisme tout de même .
Je mets 2 pour le jeu d’actrice des deux filles et la photographie du film, impeccable.
Je finirais cependant par conclure : où est l’intérêt du film ? Le message final ? Manger des gens c’est pas bien ?
Je vous laisse réfléchir là-dessus.