Un petit found footage comme on en a vu des milliers, et comme on se verra volontiers d'autres milliers, tu sais, dans ton lit avec des grosses chaussettes d'hiver, un dimanche après-midi où de toute façon vu l'heure la journée est foutue.
Alors, qu'est-ce qu'on a ? Pour l'épisode d'une télé-réalité, une équipe de tournage se filme passant la nuit dans un asile prétendument hanté. Bienvenue à la télé, aucun des personnages ne croit réellement aux phénomènes paranormaux et tout cela devrait être plié sans problème, jusqu'à ce que des trucs de plus en plus flippants se passent et les fassent changer d'avis.
Un thème, des astuces de scénario, un lieu, une trame éculés, déjà très bien installés dans la culture populaire :
- L'asile psychiatrique hanté : check.
- Le personnage qui filme à tout prix parce que "les gens veulent savoir" : check.
- Filmer en vision nocturne : check.
- Les portes murées et les couloirs qui s'interchangent : check.
- Les fantômes avec des grandes bouches sanguinolentes qui foncent sur l'écran : check.
- Les rires dans les couloirs : check.
- La caméra qui lague pile quand y'a un truc qui se passe : check.
- Le evil doctor qui fait des expériences chelou sur ses patients (bon, ça va encore, il est pas nazi) : check.
- "J'ai pas de réseau", "On se sépare", "C'était quoi, putain ?", "On a plus de lumière" : check.
Cet écho permanent de ce type d'objets culturels entre eux m'amène à me demander : pourquoi, alors qu'on a tous la sensation d'en avoir fait le tour, on continue d'une part de le mettre en scène, d'autre part à vouloir baigner dans cette ambiance ? Cette multiplicité de références à une typologie de surnaturel me semble façonner notre perception et notre opinion de ces phénomènes, de la même manière que l'art a forgé pour nous l'image du petit homme vert à la silhouette élancée. C'est dommage, parce que l'imaginaire est pauvre, face à un inconnu illimité à explorer.
Cela dit, vu comment je cavale dans les couloirs sombres de mon appart pour atteindre la lumière, je me demande comment je réagirais, comment on réagirait, face au moindre objet qui bouge tout seul de trois centimètres. La terreur est une émotion humaine que nous n'avons ou n'allons pas tous expérimenter. Je vis parfois le cinéma, et particulièrement les films d'horreur et les films d'anticipation, comme une forme de préparation mentale à des états, à des situations qui pourraient survenir sans prévenir dans ta vie.
Et la première leçon que j'ai tirée de tout cela, c'est : ON SE SEPARE PAS, BORDEL.