Depuis « Blue Ruin », j’avais classé Jeremy Saulnier dans mon petit carnet des auteurs à suivre. Ainsi suis-je allé voir ce « Green Room » les yeux fermés, sans même savoir de quoi il retournait. Eh bah, bien m’en a pris ! Ça commence comme une sorte de « Dig ! », ça embraye assez rapidement par une intro qui, dans l'esprit, m'a rappelé celle de « Massacre à la tronçonneuse », pour finalement enchainer sur un huis-clos malsain à l’ambiance bien crade. Autant dire que je n’ai pas eu l'impression de tomber sur du schéma déjà vu et revu ! Jeremy Saulnier connait tous ses classiques et il n’entend pas les reproduire bêtement. Au contraire, une fois dans le vif du sujet, c’est par sa capacité à rompre avec les habitudes qu'il parvient à faire toute la différence. Ainsi se retrouve-t-on avec un sacré rythme, avec une atmosphère bizarre de série B de luxe (parce que le gars touche formellement parlant, et il parvient à le montrer sans esbroufe, bref comme j’aime !), et surtout on se retrouve avec une intrigue très ouverte en termes de possibilités, de quoi satisfaire les esprits les plus blasés. Et ça, j’adore. J’adore les films où je me dis : cette histoire est rigoureuse avec les codes mais elle s’autorise tout, elle peut se conclure de mille manières différentes et malgré tout encore avoir du sens… Un vrai régal. Et quand s’ajoute à ça le fait qu’en plus, « Green Room » sait se faire court et efficace, alors moi je m’en réjouis que d’autant plus. Un film qui respecte à fond les codes tout en les rafraichissant, avec une telle maîtrise, c’est juste du régal. Alors je vous le dis tout net, amateurs de films de genre, c’est un conseil que je vous donne : laissez-vous séduire et allez donc dans cette « Green Room ».