"I don't know ! I don't know ! but i've to do something, NO !?"
Plus que l'histoire, la mise en scène, c'est l'image léchée qui attire le regard. Non pas que le scénario soit mauvais, bien au contraire, mais la photographie du film, la réalisation, assez lente, s'attardant sur les personnages, donne un apport artistique non négligeable. On se laisse prendre par le film, dès le départ, on se laisse accrocher, on plonge littéralement dans cette ambiance, cette atmosphère.
Ryan Gosling est ici très bon, dans le rôle d'un prof d'histoire à côté de ses pompes, complétement perdu, prenant régulièrement de la cocaïne, qui boit et multiplie les conquêtes d'un soir, la vie de débauche quoi. Il s'attache cependant à paraître, à rester ce que les élèves attendent de lui, un prof "cool" qui aspire à leur offrir une autre vision de l'histoire, de la manière de l'enseigner. Au grand dam de sa responsable.
Après un match de basket ball (Gosling est également coach de l'équipe du lycée, beh oui, restrictions budgétaires obligent...), alors qu'il s'en va prendre son crack dans les vestiaires vident, il est découvert par une de ses élèves. Commence alors une relation de proximité entre les deux, Gosling cherchant à représenter une figure d'autorité, respectée, de protecteur d'une fille dont le père est absent, le frère en prison, la mère prise par son job de paramédical, et dont "l'oncle" (responsable de l'enfermement de son frère) se sent coupable et cherche par tous les moyens à l'aider, pour, in fine, s'en servir dans son business. Comment être cette "figure" quand on est sous crack? Accro? Ce film n'y répond pas vraiment. Et c'est tant mieux.
Non, plutôt que de donner une vieille morale, Ryan Fleck et Anna Boden nous montrent les choses comme elles sont, nous font défiler les images de la vie de ce prof et de cette élève, chacun sombrant à leur façon, sans forcément toucher le fond, sans forcément remonter la pente non plus. Il y a ce côté inachevé du film qui me plaît. Cette contradiction, cette impossible réponse de Gosling quand l'oncle lui demande en quoi est-il mieux que lui pour l'aider? Parce qu'il est blanc? Prof? La culpabilité blanche? "I don't know ! I don't know ! but i've to do something, NO !?"