Partant du postulat qui veut que le mal avance à visage couvert, John Carpenter délivrait l'un de ses plus grands films et mettait en place les jalons du genre Slasher. Michael Myers, le tueur masqué incarnait le mal à l'état pur, une sorte de croque-mitaine, incarnation du cauchemar prenant chair dans le réel pour orchestrer son jeu de massacre.
Presque 30 ans plus tard, Rob Zombie fait renaître le personnage, mais se propose cette fois de lui donner un visage et d'aller creuser le mal enfoui dans ses origines.
Ce qui caractérise le cinéma du réalisateur de The Devil's Reject c'est cette capacité à créer de l'imagerie horrifique en s’immisçant dans l'univers de ses Freaks, et autres tueurs psychopathes, en les montrant évoluer dans leur quotidien. Le monstre prend alors une figure humaine.
Le souci avec ce réalisateur arrive alors quand il sort la grosse artillerie de clichés trashy-métalleux crades, enfermant ses personnages dans la caricature grotesque putassière du plus mauvais goût. C'est encore une fois le cas, après les funs mais vulgaires House of 1000 corpses et The devil's Reject, quand il évoque l'enfance turbulente de Michael Myers. Avec un géniteur de la pire espèce et une mère pas vraiment concernée, incarnation de la famille white trash américaine, le petit Michael file tout droit vers l'inéluctable. Prenant en considération le fait que le mal naît de l'inaction des hommes de bien, Rob Zombie montre ainsi la genèse du mal et s'en sort plutôt très bien si l'on excepte les énormités et les sommets de crasse et de vulgarité qu'il fait défiler afin d'exposer son propos.
La seconde partie du film est plus banale et retombe rapidement dans les clichés du genre, montrant la progression criminelle du tueur dont le visage reste caché ou montré dans l'ombre.
On assiste alors à une succession de meurtres sanguinolents qui n'apporte pas grand chose au genre mais s'avère plutôt bien mise en scène. Certaines scènes sont quasiment des reprises plan par plan du film de Carpenter.
Le casting réserve quelques bonnes surprises avec son déferlement de tronches vieillissantes, les Malcolm McDowell (Orange Mécanique), Udo Kier (Du Sang Pour Dracula) et même Brad Dourif (Vol au-dessus d'un nid de coucous, Deadwood) pas super crédible en flic, père d'une des futures victimes du tueur, alors qu'il pourrait en être son grand-père... autant de détails un peu limite qui gâche un peu la crédibilité du truc, mais bon ça fait plaisir de retrouver ces tronches d'un cinéma antérieur. C'est d'ailleurs assez marrant de constater que le personnage du psy est incarné par Malcolm McDowell sorti de sa thérapie de l'adolescent d'Orange Mécanique, un clin d’œil probablement pas innocent...
Si l'on excepte le côté toujours grotesque et outrancier né de l'univers métal qui jalonne trop souvent son œuvre, fort est de reconnaître à ce cinéaste une réelle passion pour le vrai cinéma d'horreur et une transfiguration plutôt crédible et sans concession de l'univers de ces chers monstres qu'il montre avant tout comme des êtres humains avec toutes leur travers les plus crasses.
Halloween est donc plutôt une bonne relecture à défaut d'un grand remake du film de Carpenter.