Erik Heller, un ancien agent de la CIA, a élevé et entraîné durement sa fille Hanna, 16 ans, aux meilleures techniques de combat en Finlande en-dehors du monde civilisé, afin qu'un jour elle puisse se défendre et l'aider à tuer Marissa Wiegler, son ancienne supérieure hiérarchique, qui les menace de mort depuis des années et ne reculera devant rien pour sauver sa carrière.

Il existe des films qui sortent indéniablement grandis par une performance d'acteur/d'actrice, et Hanna est de ceux-ci. Comme pour Lovely Bones avant lui, c'est surtout grâce au jeu impeccable de Saoirse Ronan (prononcez Seer-cha), elle incarne toujours une ange à moitié candide aux beaux yeux bleus, cette fois coupée du monde pendant quinze ans avec pour seuls contacts son père et une encyclopédie ... mais aussi et surtout et une machine à tuer implacable en permanence sur ses gardes qui peut vous dévisser la tête ou vous mettre une balle entre les deux yeux en une fraction de secondes. Comme si la victime innocente et sans défense de Lovely Bones s'était réincarnée, pleinement en mesure de se défendre mais au prix de capacités limitées en matière de relations humaines ...

Les adultes quant à eux jouent leur part avec grande efficacité : Cate Blanchett qui, telle une sorcière rousse carriériste, froide, manipulatrice et sans une once d'éthique ni de scrupules, compose ici son meilleur rôle de "méchante" jusqu'à présent, et surtout Tom Hollander en patron de boîte de strip-tease, ridicule en apparence avec ses manières efféminées, ses survêtements et son brushing, en fait un agent d'opérations noires, expert en traque et en torture, horriblement sadique, pervers et même pédophile (sa comptine sinistrement sifflotée n'est pas sans évoquer Hans Beckert dans M le Maudit). Eric Bana assure, même si son personnage est un peu moins développé que les autres.

Dans une tendance des films d'action récents initiée par la saga Jason Bourne, mais avec une approche particulière assez étrange à base d'imagerie de contes de fées, de musique électro et de plans-séquences de décors urbains dignes de Kubrick, Joe Wright quitte les romances contrariées dans la campagne anglaise et joue ici la carte du thriller de traque meurtrière, globe-trotter et polyglotte, depuis les forêts immaculées de Finlande jusqu'au Maroc et pour finir à Berlin, théâtre décidément privilégié des luttes entre barbouzes de cinéma d'hier (la guerre froide) comme d'aujourd'hui (dans les Jason Bourne justement). Les poursuites et les combats au corps à corps sont réalistes, peu nombreux et sans trop de fioritures. L'histoire est certes plutôt conventionnelle, surtout en ce qui concerne les origines de la jeune fille, mais sa sociabilisation au monde au contact d'une famille de touristes n'en demeure pas moins touchante et même drôle par moments (sa relation avec la fille du couple surtout).

Très loin d'être un film d'action banal et générique, c'est un bel exercice de style à l'imagerie forte qui nous renvoie à la cruauté originelle des contes de fées, sublimé par la bande originale des Chemical Brothers.

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le 17 juil. 2011

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Jackal

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