Vous avez l’apparence d’hommes justes, mais à l’intérieur vous êtes pleins d’hypocrisie et de mal.

A l’image de l’inspiration des formes qu’ont pu susciter chacun de ces genres envers l’autre, les films de Samouraï, comme le Western, entretiennent l’idée d’un même rapport cinématographique à ses pays spécifiques : celui de la mythologie.
De l’évolution d’une imagerie romancée comme valeur civilisationnelle jusqu’aux réinterprétations crépusculaires, le Western a suivi une évolution logique dans le rapport de l’Amérique à son propre passé. Avec le Samouraï, le genre s’est tout de suite construit de façon bien plus ambiguë.


« Harakiri » se définit d'entrée par une maîtrise formelle de son découpage au service de son arc narratif. Via le recours aux flashbacks comme procédés cinématographiques, Kobayashi, bien plus que simple réalisateur d’une simple tragédie classique, développe avant tout les conditions humaines et sociales aboutissant à l’événement comme point de départ de son film. Le cinéaste nippon fait ainsi preuve d’une très grande maîtrise dans la mise en place de son intrigue; celle-ci se faisant ressentir non pas par l’appréhension des événements mais par l’origine de ses conditions dramatiques ; le spectateur étant alors renvoyé à sa propre entité devant le spectacle d’une dramaturgie dont il connait déjà la tragédie à venir.


Techniquement parlant, Kobayashi déploie un grand effort dans le cadrage de son récit. Sa grande stylisation pose les bases d’une lenteur et d’une dilatation de la temporalité permettant ainsi l’instauration d’une tension impalpable.
Si Kurosawa a magnifié le genre dans une évocation humaniste, Kobayashi de son côté avec « Harakiri » l’utilise comme peinture des structures sociales et de ses inégalités. Ainsi la spécificité japonaise du seppuku devenant une critique universelle d’une construction civilisationnelle : la critique d’une codification culturelle et civilisationnelle quand celle-ci perd son esprit par sa pratique mécanique.


Une critique des conditions sociales, de l'étatisme et de la misère d’une férocité implacable.

Wirn
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films des années 1960, Les meilleurs drames épiques, Les meilleurs films japonais, Mon Top 50 et Un Film pour un Cinéaste

Créée

le 27 août 2018

Critique lue 409 fois

35 j'aime

12 commentaires

Wirn

Écrit par

Critique lue 409 fois

35
12

D'autres avis sur Harakiri

Harakiri
DjeeVanCleef
10

Hara qui rira bien le dernier

Il y a quelque chose chez les Japonais qui me fascine. Surtout dans les films sur leur moyen âge. Dans leurs maisons, c'est toujours propre et super bien rangé. Jamais de bordel, tout est toujours...

le 29 janv. 2014

161 j'aime

31

Harakiri
SanFelice
10

Les sabres de bois

Le début du XVIIème siècle entraîne de profonds changements dans la société japonaise. Le shogun (sorte de général en chef) devient le véritable dirigeant du pays, l'empereur étant cantonné dans un...

le 14 déc. 2012

89 j'aime

15

Harakiri
Hypérion
8

L'honneur est dicté par les vainqueurs

Un ronin, à demi hébété, se présente au château du clan Lyi, quémandant l’autorisation de pratiquer décemment le rituel du Harakiri en leurs murs. Reçu par le chambellan, celui-ci le met en garde...

le 12 déc. 2013

84 j'aime

4

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
Wirn
10

Le Western comme dernier western…

Tournée en 1968, soit la même année que 2001 l’Odyssée de l’Espace, ce film devait être pour Leone, après sa Trilogie du dollar, la promesse de la Paramount pour la réalisation du projet qui lui...

Par

le 27 févr. 2018

41 j'aime

21

Les Frères Sisters
Wirn
3

Bienvenue chez les Ricains !

Très peu présent dernièrement dans les salles obscures tant l’offre contemporaines des productions cinématographiques me donnent un intérêt assez inexistant, c’est avec un fort a priori négatif que...

Par

le 29 oct. 2018

39 j'aime

29

Taxi Driver
Wirn
10

Journal intime d'un homme moderne

A la fin des années 60, l’orée du Nouvel Hollywood a vue imposer la déferlante de thématiques jusqu’ici soumises aux codes moraux d’une Amérique puritaine et soucieuse de sa propre image. Avec cette...

Par

le 3 sept. 2018

38 j'aime

18