Harakiri se présente comme un film de Samouraï et de vengeance mais il est bien plus que ça. C’est déjà un film doté d’une construction formidable. Sa structure alternant scènes présente et flashbacks est d’une incroyable précision, délivrant petit à petit les éléments de compréhension. Sans jamais laisser le spectateur largué, le film joue sur nos interrogations. En y répondant systématiquement dans le flashback suivant, Kobayashi en profite pour en ouvrir d’autres. Il crée ainsi le suspens nécessaire à nous captiver sans pour autant nous frustrer à devoir attendre une grande révélation finale. Avec cette mécanique implacable il établit une atmosphère dont la tension ne cesse de croitre jusqu’à l’explosion finale.


Kobayashi joue aussi du contraste entre les scènes de flashbacks et les scènes présente. Ainsi le passé que Tsugomo nous narre, empli de vie, d’évènements heureux ou dramatiques et de mouvements, est filmé avec une caméra en mouvement, qui suit les protagonistes, avec des plans débulés, etc. A l’opposé, les scènes présente, au palais du clan Ii, sont d’un immobilisme quasi inhumain, insistant sur le cérémoniel, filmées en plans fixes ou en zooms et travellings très lents, cadrés avec précision.


Cet aspect renforce aussi le propos du film. Car comme je le disais c'est plus qu'un film de samouraï et de vengeance. Ce film dresse une critique d’un système féodal sclérosé (représenté par cette armure de Samouraï) et à travers elle, une critique de tout système social aliénant et déshumanisant. Il y a quelque chose de Kubrickien dans cet avertissement où l’homme construit une société qui risque de détruire son humanité. Et puis il y a aussi cet aspect « réécriture de l’Histoire » qui laisse un goût amer. Ce « journal » de la maison Ii, ce discours officiel sur les morts par maladie, cette armure remise en place, tout cela participe à faire comprendre que pour le système, ce qui compte c’est le maintien du système et non les hommes qui y vivent et qui y meurent.


Il y a beaucoup d’autres choses à dire sur ce film : la détermination de Tsugomo, son regard fiévreux, sur la photographie somptueuse, la capacité de Kobayashi à nous expliquer les rites et les enjeux du Seppuku sans être lourd, mais je crois qu’il serait impensable pour une critique de ce film de ne pas mentionner ces 2 scènes formidables que sont ce harakiri au sabre de bambou absolument terrible à vous faire sentir vos propres tripes et le duel fantastique avec Omodaka dans les herbes balayées par le vent. Ces 2 scènes, à elles-seules, valent le déplacement.


Harakiri propose tout à la fois une atmosphère forte, une intrigue prenante et une réflexion qui vous nourrit.


A voir et à revoir sans modération.

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le 14 déc. 2014

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ghyom

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