Comme tout bon phénomène littéraire qui se respecte, la saga Harry Potter, lucrative comme pas deux, eut droit à son adaptation cinématographique, de quoi asseoir la bonne fortune de J.K. Rowling ; ouvrant le bal en 2001, HP à l'école des sorciers fut de fait un sacré succès financier et de surcroît une mise en bouche convaincante, preuve en est d'une franchise continuant de marquer des générations de (lecteurs/) spectateurs.
Et, comme tout bon fan qui se respecte, je vais débuter cette critique en précisant que j'ai grandi avec le sorcier balafré, que se replonger dans ses aventures éveille un puissant plaisir nostalgique alliant magie de la (re)découverte et une pluie de souvenirs tenant du sortilège... et j'en passe et des meilleurs.
Bon, j'aurai préféré me relire les bouquins pour commencer, mais ne les ayant pas sous la main la version grand écran se posait comme une alternative sensée ; Chris Colombus, alors connu pour ses comédies familiales (Maman, j'ai raté l'avion, Madame Doubtfire...), hérita de la réalisation du premier volet au nez et à la barbe d'une pléiade de candidats (Spielberg, Zemeckis ou encore Gilliam), tandis que trois parfaits inconnus décrochaient les rôles tant convoités d'Harry, Ron et Hermione... à la tête d'un casting résolument british.
Fort d'un projet chapeauté de près par Rowling, dire que le film pourrait prétendre au rang de bonne adaptation ne serait pas malvenu : et comme de juste, il doit en grand partie sa réussite à sa restitution relativement fidèle d'un univers fourmillant de mille et un détails, base d'une atmosphère magique à même de séduire les amateurs de tous bords ; dans les faits, cette ambiance enchanteresse est surtout attenante à la partition fantastique de John Williams, celui-ci concourant de bout en bout à donner à ce fameux monde, empreint de bizarreries surnaturelles pour les moldus que nous sommes, une âme unique.
Dès lors, malgré une réalisation visuellement datée et une mise en scène somme toute académique, sans réel panache, cet HP convainc dans son ensemble : l'immersion est en ce sens aisée, les divers protagonistes se veulent fortement attachant (même ce vieux roublard de Rusard, campé par un David Bradley comme un poisson dans l'eau) tandis que le récit s'arque avec efficience autour des actes majeurs composant le roman d'origine.
Mais si le casting se veut indéniablement irréprochable (Alan Rickman et le trio "Dursley" sont marquants à souhait), difficile de ne pas relever quelques écueils inhérents à la composante fondamentale du processus d'adaptation : si le film reprend bien les étapes clés du bouquin, il fait aussi l'impasse sur une myriades d'éléments, anodins ou non, valant la peine de figurer à l'écran (où est Peeves ?), alors que le découpage patent de la trame fait pour sa part état d'un développement succinct des personnages comme de leur environnement proche... comme si la narration survolait le coeur des événements.
Au bout du compte, et sans revenir sur les limites scénaristiques découlant du roman itself, il apparaît que Harry Potter à l'école des sorciers n'aura exploité qu'aux (9)¾ le formidable potentiel d'un univers n'aspirant qu'à nous émerveiller encore et toujours, et ce sous bien des formes ; il en résulte néanmoins un divertissement de bonne facture, magique, drôle et empreint d'un semblant de tension dont on préférera taire le nom du responsable... le tout sous l'égide d'une BO mémorable.