Le sixième chapitre de la saga Harry Potter, riche en révélations dans sa version littéraire, peine à leur rendre justice à l'écran. Les flashbacks sur le passé de Voldemort, véritables clefs de voûte pour comprendre la complexité de l’antagoniste, sont réduits à l’essentiel, privant l’œuvre de l’épaisseur dramatique qui faisait la richesse du livre.
En contraste, le récit s’égare dans les intrigues amoureuses adolescentes, parfois charmantes mais souvent trop appuyées. Cette disproportion narrative dilue l’impact des tragédies imminentes.
David Yates, fidèle à sa grammaire visuelle, enveloppe le film d’une esthétique sombre et glaciale. Les tons désaturés et les ombres omniprésentes traduisent bien l’oppression d’un monde en déséquilibre. Si cette patine visuelle est admirable dans sa cohérence, elle s’essouffle par sa monotonie, peinant parfois à relancer l’attention d’un spectateur que le scénario laisse en suspens.
Cependant, certaines scènes restent d’une puissance évocatrice indéniable. L’exploration de la grotte de l’Horcruxe, par exemple, allie tension et mysticisme. Les décors de Poudlard, baignés d’ombres et de lumières, rappellent à chaque plan la force immersive de cet univers. C’est dans ces moments que le film touche à la magie cinématographique, malgré les écueils de l’adaptation.
Le trio central conserve une dynamique attachante et bien développée. Pourtant, les personnages secondaires, pourtant cruciaux, se retrouvent relégués en marge. Rogue, figure énigmatique et pivot de ce volet, ne bénéficie pas de l’attention qu’exige son rôle en tant que Prince de Sang-Mêlé. De même, Draco Malfoy, hanté par des dilemmes intérieurs captivants dans le roman, est réduit ici à des regards perdus et des silences éloquents mais insuffisants.
Pourtant, malgré ses maladresses, le film reste une réunion familière. Retrouver Harry, Hermione et Ron, même au sein d’un récit bancal, suscite un plaisir simple qui, malgré tout, continue d’enchanter.