C’est un documentaire qui, avec son montage tumultueux et saccadé, utilisant des images de diverses sources (et donc parfois de piètre qualité) veut rendre compte de l’enfer répétitif de la création venu cueillir un homme qui s’était retiré. En plus de chausser des Mephisto et de conduire une vaillante Citroën 2 CV (son intérêt pour la France ne se limite donc pas à Saint-Exupéry, qu’il a préfacé et illustré pour son édition japonaise, et qui l’a en particulier influencé pour Porco Rosso et Le vent se lève), Hayao Miyazaki est un perfectionniste doublé d’un bourreau de travail inaltéré par les années (le documentaire déroule un compte à rebours avant la sortie qui affiche la plupart du temps des milliers de jours). Même s’il est peint en figure du quartier, Hayao Mizaka n’a pour seule famille que le travail, dont le rythme est parfois ralenti par l’annonce de décès d’amis et néanmoins rivaux, comme Isao Takahata (Le Tombeau des lucioles). Subsiste la difficulté d’un travail fait à l’ancienne et à la main (« où est passé le crayon 2B ? ») témoignage d’un artisanat que le tablier d’Hayao Miyazaki ne vient pas démentir, et qu’il emporte même dans ses promenades mélancoliques et contemplatives. Surnage aussi un homme plein d’humour (comme le réalisateur du documentaire, qui ouvre sur son sujet nu se délassant dans un onsen [source thermale chaude], ce qui oblige à un pudique floutage des parties génitales de l’artiste prenant son bain, floutage qu’on ne voit par ailleurs que pour l’immatriculation de notre iconique 2CV et ce qui semble être le travail en cours d’un dessinateur) qui se moque souvent de son acolyte, Toshio Suzuki, qui a entre autres le tort de prendre du poids : « on dirait une ampoule retournée avec des jambes ».