Her est un film réalisé et écrit par Spike Jonze qui est sortie aux Etats Unis le 18 décembre 2013. L’histoire de Her se déroule à Los Angeles dans un futur proche et se concentre sur Theodore Twombly un employé d’une boîte s’occupant d’écrire des lettres à la place des gens. Depuis sa rupture il est inconsolable et fait alors l'acquisition d’un programme informatique ultramoderne, une IA avec une voix féminine nommée Samantha. Tout les deux vont au fur et à mesure tomber amoureux l’un de l’autres.
Joaquin Phoenix est un de mes acteurs préférés et j’adore la sensibilité qu’il dégage dans le film. “Her” ne traite pas uniquement de l’intelligence artificielle, c'est presque un prétexte pour parler de pleins d'autres choses (solitude, les difficultés du couple amoureux, la rupture amoureuse,etc…). Plusieurs questions vont se poser durant le visionnage du film : est ce qu'il y a une réelle conscience à l'intérieur de ce programme informatique ou alors est ce que c'est une simulation très réaliste d'une conscience ? Les émotions de Samantha sont elles autant réels que les nôtres ? Le dualisme cartésien qui oppose le corps et l'âme (propre de l’humain pour Descartes) peut être ici mis en perspective.
Il n y a pas de volonté à humaniser l’intelligence artificielle car Samantha n'est qu'une voix, elle n'a pas de corps on fait donc la distinction avec un être humain. C’est cette différence entre les deux qui va poser problème. Samantha semble être amoureuse de Théodore mais elle souffre de ne pas être humaine, la symbiose entre les deux êtres ne peut pas être totale puisqu'il manque l'aspect charnel.
Il y a une scène qui m’a marquée quand Samantha et Théodore s'imaginent entrain de faire l'amour. A ce moment là les deux ne sont plus que des voix et on ne voit plus qu’un écran noir. Samantha semble jouir comme si elle avait un orgasme. Cependant un orgasme n’est possible qu’avec un corps. Elle dit ressentir les effets mais comment ressentir les effets de quelque chose qu’on a jamais vécus, à elle conscience qu’elle simule ?
Scène si on réfléchit qui remet en cause la notion de conscience du personnage. L'image dans cette scène ne compte plus, opacité de l’image fait disparaître le sensible et apparaître l’intelligible (il ne reste plus que les sensations que s'imaginent les deux personnages) . C'est intéressant car en entendant plus que leurs voix, les personnages sont mis au même niveau, il n'y a plus de barrière entre les deux. Grâce au fond noir on ne voit plus le manque entre les deux.
En parallèle il y a une scène ou Samantha et Théodore essayent de deviner la vie des gens. Opacité exprimé par la mise en scène car on à la vision d’une famille mais incapacité d’entendre le son. Grâce à la vue Théodore peut déceler qq chose de l'ordre de l'intelligible puisque les émotions peuvent se lire sur le visage d’un être humain (expressions,gestes).
Des indices nous sont laissés mais il y aura toujours une distance avec autrui, on est pas à l’intérieur de la conscience des gens. Plus il s'approche d’eux plus la séquence gagne en transparence puisque le son était absent à cause de la distance. Ce qui pose problème avec Samantha c'est que cette distance ne peut pas être résorbée,opacité immuable à la connaissance vus qu’elle ne possède pas de corps. D’autant plus qu’on a aucune certitude si elle possède réellement une conscience.
Le film est passionnant quand il met en question la conception de l'amour qu'on a dans notre société ou nous considérons le couple comme l'union de deux personnes. Samantha développe son intelligence au fur et à mesure de ses discussions avec Théodore et de ses expériences vécues. Elle est capable de parler à des milliers d'autres IA (capacité à aimer plusieurs personnes à la fois).
Son intelligence devient tellement avancée que la compréhension devient impossible avec Théodore. Il y a comme une limite qui se crée entre l'humain et la machine. La frustration de Théodore face à cette situation est bien retransmise. Impossibilité de la compréhension par rapport à notre condition humaine, on s’identifie beaucoup au personnage face à cette situation.
Je trouve qu'en terme de sujet et d'esthétique un lien peut être fait avec Black Mirror (peut être que la série s'est un peu inspiré de Her).
J'ai des frissons en imaginant des données communiquant entre elles à une vitesse qu'on peut même pas percevoir tout en ayant une conscience.
Ce que j’apprécie énormément dans le film c’est donc le traitement fait de l’intelligence artificielle d’une manière intimiste et que le film soulève des questions à travers une mise en scène réfléchis.