Hercule
6.6
Hercule

Long-métrage d'animation de Ron Clements et John Musker (1997)

Piètre réalisation que cet Hercule de la maison Disney. Là où la firme aux grandes oreilles nous a habitués à l'adaptation sinon subtile, du moins relativement respectueuse, de contes populaires, les deux réalisateurs missionnés pour l'opération mythologique se fourvoient dans 


un pêle-mêle idiot de raccourcis



– et de propagande insidieuse du capital – pour livrer le brouillon sans intérêt autre que celui de tirer le rire des plus petits bambins. Si l'Olympe y perce graphiquement les cieux lors de la séquence d'ouverture, le niveau du vide célébré tout au long de l'opus frise l'indigeste ridicule.



Pillage et saccage de la mythologie



d'où l'on extrait les plus futiles facilités pour lancer un récit copié-collé sur l'introduction du Roi Lion, tout part très mal. Passés les premiers outrages, on tente vite fait de s'attacher au dit héros promis... ma foi, il faut l'innocence ouverte d'une enfant de cinq ans pour trembler aux stupeurs de l'idiot en question : Hercule nous est présenté fort de son herculéenne puissance physique, pour le cerveau on repassera, c'est ici l'imbécile maladroit du village, incapable de faire tourner ses méninges. Lors il est difficile, même au cœur d'obstacles pas trop mal compilés entre les raccourcis elliptiques aléatoires, de s'identifier au bonhomme. Héroïsme, amour, courage où la réflexion manque,



le brouillon de fable glorifie la bêtise innocente



sans chercher à développer l'humain dessous tout en tissant un tapis mythologique de mensonges historiques, contribuant à la paresse d'esprit d'une partie d'un public réticent à la curiosité.
Graphiquement, les exagérations qui sont légions pour caractériser les différents personnages finissent par fatiguer les yeux, et quand on devient témoin de l'immondice en 3d qui sert d'hydre pour ce qui se veut la séquence centrale d'une montée d'héroïsme pur du héros, on arrive aux limites du reflux gastrique : bordel, l'hydre a neuf têtes, pas une puis trois puis douze puis cinquante-sept, jusqu'à l'illisible, puis le numérique, quand on se rend compte à quel point c'est moche, plutôt que de sortir ce torchon visuel, on prend le temps de refaire la scène en animation traditionnelle, histoire que ça n'arrive pas comme ça,



un attentat graphique !



Un mot sur l'immonde propagande qui sublime le film de plans honteusement orientés 


vers un consumérisme exacerbé



au cœur d'un film destiné à l'innocence – déjà trahie par le shaker de l'adaptation au pillage aléatoire – du plus jeune public : l'image du bonheur en american express est à vomir, scandaleuse.
Et ce n'est pas la seule.


Il faut parfois voir ce qu'on refusera de revisionner. C'est le cas de cet Hercule décérébré aux manipulations déplacées qui vient entacher les célébrations d'innocence d'un studio dédié à l'enfance et au divertissement mais qui, d'habitude, ne met pas la morale de côté, aussi naïve soit-elle. Ici le manège est dégueulasse de simplifications, de mises en erreur et de vide :


le triplé de la nullité est atteint où nous nous vouons là aux dieux odieux des abrutis.


Matthieu_Marsan-Bach
3

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le 2 sept. 2018

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