Heretic, titre à mon avis trop facile, de Scott Beck et Bryan Woods est une œuvre solide, bien que marquée par une ambition parfois excessive. Ce thriller mystique, qui plonge dans l’esprit torturé d’un prêtre en crise de foi, se distingue par une mise en scène visuellement travaillée et une atmosphère pesante, mais n’évite pas toujours les pièges du genre. Si l’on peut saluer les réalisateurs pour leur audace, on sent aussi qu’ils s’inspirent lourdement de classiques du cinéma sans toujours parvenir à s’en affranchir totalement.
Le film brille par sa photographie, qui utilise les ombres et la lumière de manière presque théâtrale, rappelant le travail des maîtres du baroque comme Caravage ou les ombres de Rembrandt. Certaines scènes, où la lueur vacillante des cierges se mêle à des visions d’horreur quasi oniriques, évoquent également The Witch de Robert Eggers, mais sans la même subtilité. Le travail sonore, quant à lui, est particulièrement immersif : les bruits d’église – craquements de bancs, échos sourds – se transforment en éléments de tension, ajoutant une texture sensorielle qui rehausse l’ensemble.
Côté narration, Heretic oscille entre moments de puissance et passages plus laborieux. Si le personnage principal, interprété avec gravité, capte l’attention, son évolution reste parfois trop schématique pour susciter une réelle empathie. L’intrigue, bien qu’efficace, s’aventure dans des territoires déjà explorés par des films comme The Exorcist ou First Reformed, sans apporter de perspective véritablement nouvelle. On ressent une volonté de profondeur, mais le symbolisme lourd et les dialogues parfois trop explicatifs alourdissent ce qui aurait pu être une exploration plus subtile de la foi et du doute.
Heretic n’est ni un chef-d’œuvre ni une simple curiosité. C’est un film honnête, porté par une réalisation visuellement soignée et des performances solides, mais qui pèche par une ambition trop visible. Beck et Woods confirment leur talent pour créer des ambiances saisissantes, mais ils devront encore trouver leur propre voix pour s’imposer pleinement comme des auteurs du genre. Fait cocasse, c'est la première fois que je vois Hugh Grant dans un régistre d'horreur. Un film à voir pour son atmosphère. La peur opère !